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STOCKHOLM (JEUX OLYMPIQUES DE) [1912] Contexte, organisation, bilan

La dixième session du C.I.O., tenue à Berlin du 27 mai au 2 juin 1909, est consacrée à la désignation du site des Jeux de la Ve olympiade. Berlin a décidé de reporter sa candidature et de briguer les Jeux de 1916. Stockholm, seule en lice, se voit donc élue à l'unanimité. Le prince héritier Gustave-Adolphe, féru de sport et excellent joueur de tennis, est nommé président d'honneur du comité d'organisation, alors que le colonel Victor Balck, un ami de Coubertin, membre du C.I.O. depuis sa création en 1894, surnommé le « Père du sport suédois », en assure la présidence exécutive. Pour la première fois depuis 1896, les jeux Olympiques ne constituent pas l'appendice d'une Exposition, universelle ou franco-britannique, mais un événement pleinement autonome.

Cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques de Stockholm, 1912 - crédits : Library of Congress Prints and Photographs, Washington

Cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques de Stockholm, 1912

Contrairement aux Britanniques, qui pour 1908 avaient construit le gigantesque stade de Shepherd's Bush (White City Stadium) dans lequel les compétitions d'athlétisme côtoyaient les épreuves de natation ou de cyclisme, les Suédois, passionnés d'athlétisme, décident d'édifier un stade dédié entièrement à ce sport. L'architecte Torben Grut, amoureux de l'art médiéval, se voit chargé d'établir les plans de ce Stockholms Olympiastadion, érigé aux portes de la capitale dans un écrin de verdure. Cette enceinte de trente-cinq mille places en brique rouge, caractérisée par deux tours gothiques, fait l'objet de toutes les attentions : la conception de la piste est confiée à l'Anglais Charles Perry, de Stamford Bridge, le maître en la matière. Ce dernier élabore une piste en cendrée de 380,33 mètres aux virages légèrement relevés, souple et rapide. Dans le projet initial, la longueur de cette piste était de 400 mètres, mais les virages auraient été elliptiques ; Perry décida de donner aux virages une forme semi-circulaire, mais la construction de l'enceinte était très avancée et il fit réduire la longueur de la piste – pour cette raison, il fut contraint de prévoir onze lignes de départ et quatre lignes d'arrivée. Pour la première fois, les couloirs de la piste des courses sont matérialisés par des lignes blanches, des instruments de mesure perfectionnés sont employés pour les sauts en hauteur et à la perche, les juges disposent du chronométrage semi-électronique et de la photo-finish, un système rudimentaire de haut-parleurs permet d'informer le public. « Le stade olympique avec ses ogives et ses tours, sa perfection, le bon ordre, la méthode de ses règlements semblait un modèle du genre », écrira plus tard Coubertin dans ses Mémoires. Néanmoins, quelques journalistes grincheux déplorent que la tribune d'honneur et, surtout, la tribune de presse soient situées en plein soleil... Un bassin flottant de 100 mètres est aménagé sur un plan d'eau de mer à Djurgärdsbrunnsviken, au cœur du port de Stockholm, pour les compétitions de natation. Seules les compétitions de voile sont « délocalisées » : elles se déroulent en mer Baltique, près de Nynäshamn, à une soixantaine de kilomètres de la capitale suédoise.

Dès la session de 1909, les Suédois proposent au C.I.O. un programme très élaboré. Celui-ci se voit assez profondément remanié lors des sessions de 1910, à Luxembourg, et de 1911, à Budapest, puis définitivement arrêté. Ce programme s'avère novateur en bien des points. La Suède, pays de tradition sportive classique, souhaitait que les jeux Olympiques se concentrent sur les disciplines fondamentales, formatrices et éducatives : athlétisme, natation, lutte, gymnastique. Victor Balck convainc rapidement les émules de Pehr Henrik Ling, adeptes de la « gymnastique suédoise », de la nécessité d'ouvrir les compétitions à d'autres disciplines. Néanmoins, football-rugby, tir à l'arc, golf, hockey sur gazon, jeu de paume, motonautisme, patinage[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. STOCKHOLM (JEUX OLYMPIQUES DE) [1912] - Contexte, organisation, bilan [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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