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BRETON STANISLAS (1912-2005)

Philosophe français. Né le 3 juin 1912 à Gradignan, dans la région bordelaise, Paul Breton était orphelin de père et perdit très tôt sa mère. Entré à l'âge de quinze ans dans le noviciat des Pères Passionistes, il prend le nom religieux de Stanislas. L'appartenance à cette congrégation laisse des traces considérables dans son œuvre philosophique (La Passion du Christ et les philosophies, 1954 ; Mystique de la passion, 1962 ; Le Verbe et la Croix, 1981). Sa formation scolastique lui permet de se familiariser très tôt avec les œuvres de Thomas d'Aquin et de Suárez, en particulier le traité De la relation, qui allait jouer un rôle central dans son itinéraire intellectuel, qui le conduisit de Rome à Lyon et à Paris. Après son retour de captivité en Allemagne, il soutient à l'Angelicum de Rome sa thèse de doctorat en philosophie scolastique, publiée en 1951, sur l'esse in et l'esse ad (« être-dans » et « être-vers ») dans la métaphysique de la relation.

Nommé professeur à l'Université pontificale de la propagande à Rome, il y enseigne pendant huit années la psychologie rationnelle dans l'esprit du Traité de l'âme d'Aristote et du commentaire qu'en donne Thomas d'Aquin, tout en s'ouvrant à la biologie théorétique de Jakob von Uexküll et de Hans Driesch, ainsi qu'à la phénoménologie de Husserl. À partir de 1956, il enseigne la philosophie aux facultés catholiques de Lyon, avant d'être nommé à la faculté de philosophie de l'Institut catholique de Paris.

C'est au cours des années 1960 et 1970 que paraissent ses ouvrages philosophiques les plus importants, dont la colonne vertébrale est formée par le triptyque : Du Principe (1971), Être, Monde, Imaginaire (1976), Le Verbe et la Croix. Les lignes de force de son œuvre philosophique sont inséparables des grandes amitiés qu'il sut établir tout au long de sa vie. Avec Jean Trouillard et Henri Duméry, il partage une commune fascination pour le néo-platonisme et les « pensées du Rien », auxquelles il consacre un ouvrage capital (Rien ou quelque chose, 1987). Non moins tangibles sont les traces de son indéfectible amitié avec Louis Althusser. C'est à l'invitation de ce dernier qu'il donne des cours sur le Tractatus theologico-politicus de Spinoza à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, qui trouveront leur expression dans ses ouvrages : Spinoza. Théologie et Politique (1977) et Théorie des idéologies (1976). Dans cette liste des grandes amitiés, on rencontre aussi Michel de Certeau. Tout comme l'auteur de La Fable mystique, Stanislas Breton n'a cessé d'interroger les « maîtres du grand écart » que sont Jean-Joseph Surin et Maître Eckhart (Deux mystiques de l'excès : J.-J. Surin et Maître Eckhart, 1985 ; Philosophie et mystique, 1996).

Penser veut dire, pour le philosophe, découvrir une liberté fondamentale reliée à l'éclair originel de l'être en tant qu'être et la mettre en œuvre dans le quotidien des jours, où elle prend la forme de la générosité. C'est cette liberté, sorte de traduction philosophique de la parrhêsia paulinienne, cet exercice de la parole vraie qui donne un ton si particulier aux écrits de Stanislas Breton. Elle résonne également dans ses opuscules qu'on pourrait qualifier de mineurs (Poétique du sensible, Philosophie buissonnière, De Rome à Paris, etc.) en comparaison des ouvrages dans lesquels il gravit les sommets arides d'une spéculation métaphysique qui médite les multiples formes et expressions de la « fonction méta » (Philosophie et Mathématiques chez Proclus, 1969, Unicité et monothéisme, 1981, Écriture et Révélation, 1979, Matière et dispersion, 1993).

Son dernier livre paraît à la fin de l'année 2004, sous le titre : Le Vivant Miroir de l'univers. Logique d'un[...]

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Écrit par

  • : docteur en philosophie, professeur émérite de la faculté de philosophie de l'Institut catholique de Paris, titulaire de la chaire "Romano Guardini" à l'université Humboldt de Berlin (2009-2012)

Classification

Pour citer cet article

Jean GREISCH. BRETON STANISLAS (1912-2005) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RIEN (philosophie)

    • Écrit par Jean GREISCH
    • 1 252 mots

    « Non, rien de rien, non, je ne regrette rien... » : tout le monde, ou presque, connaît la chanson d'Édith Piaf. Quel sort les penseurs doivent-ils réserver au « rien » ? S'agit-il d'un signifiant vide, indicible et impensable, voire d'une puissance de mystification, qui entraîne la ...

Voir aussi