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SPORT L'année 2006

Football : la Coupe du monde, entre le paradoxe italien et la fête allemande

L' Italie a remporté la XVIIIe Coupe du monde de football, en battant la France en finale (1-1, 5 tirs au but à 3). Au regard de l'histoire, ce résultat ne peut constituer une surprise : le maillot de la Nazionale sera orné d'une quatrième étoile. Si l'on se réfère à la situation du Calcio, on doit cependant y voir un paradoxe. En effet, le football italien est confronté à un scandale sans précédent : une affaire de corruption a conduit la justice sportive à rétrograder la Juventus Turin en Série B (deuxième division) et à sanctionner trois autres clubs prestigieux. Avant le début de la Coupe du monde, de nombreuses voix réclamaient, en Italie même, l'éviction du sélectionneur de la Squadra, Marcello Lippi, dont le nom apparaissait dans le dossier, et que le brassard de capitaine soit retiré à Fabio Cannavaro, un proche de Luciano Moggi, le « cerveau » de l'affaire. De son côté, Gianluigi Buffon, le gardien de but, risquait alors des poursuites judiciaires pour son implication dans des paris clandestins. Un mois plus tard, les trois hommes sont devenus des héros nationaux ; Fabio Cannavaro obtiendra même en fin d'année un ballon d'or controversé ! Paradoxe : loin de constituer un handicap, cette situation a semblé souder l'équipe. Genaro Gattuso, le rugueux milieu de terrain de la Squadra, déclarait ainsi après la finale : « Les scandales qui touchent le Calcio ont décuplé notre motivation. » Mais rappelons que, lors de sa dernière victoire, en 1982, l'Italie se remettait tout juste du scandale du totonero, dans lequel était impliqué, notamment, Paolo Rossi, la star de cette Coupe du monde en Espagne. La Juventus Turin a donc été lourdement sanctionnée et évoluera pour la première fois de son histoire en Série B ; pourtant, huit de ses joueurs (dont trois Français) – lesquels sont tous totalement étrangers à l'affaire mais auraient pu se voir déstabilisés en raison de l'incertitude quant à leur avenir – ont participé à la finale de la Coupe du monde...

L'Allemagne a réussi sa Coupe du monde. Une troisième place pour la Nationalmannschaft à domicile aurait, en d'autres circonstances, constitué un échec. Mais la victoire allemande se situe ailleurs. L'organisation fut parfaite et la sécurité assurée – personne n'en doutait, rigueur allemande oblige. Mais la vraie surprise vint des Allemands eux-mêmes. Ceux qui avaient la vision rétrograde d'un peuple rigide ont découvert des gens accueillants, prévenants et décontractés : la Coupe du monde fut avant tout festive. Durant un mois, les stades furent pleins et colorés, les Fanfeste (fêtes des supporters) ont connu un succès considérable. En outre, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne entière s'est réunie derrière son drapeau, sans redouter de déclencher une certaine crainte dans de nombreux endroits du globe...

En revanche, le spectacle fut d'une qualité assez médiocre, le tournoi consacrant les équipes les mieux en place sur le plan tactique et les plus solides défensivement. L'Italie comme la France évoluaient en effet dans un système rigide avec un seul attaquant de pointe (Luca Toni et Thierry Henry, respectivement). Le nombre de buts est en chute libre (147, contre 161 en 2002 et 171 en 1998). Contrairement à ce qui s'était passé en 2002, aucune « petite » nation n'est venue bousculer la hiérarchie – les formations africaines se montrant particulièrement décevantes.

L' arbitrage fait une nouvelle fois débat. Les erreurs flagrantes se sont multipliées, notamment au premier tour et en huitièmes de finale. Ce phénomène n'est pas nouveau, mais il prend une acuité inédite en raison du resserrement des valeurs : un but valable refusé à [...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. SPORT - L'année 2006 [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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