Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ESSENINE SERGE ALEXANDROVITCH (1895-1925)

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

La révolution des enthousiastes

La révolution éclate. Pour les poètes, ce n'est pas la chute d'un trône, c'est une apocalypse, le royaume de Dieu, un nouvel univers, un christianisme régénéré. Essenine accueille Février par un Appel chantant « Un nouveau Nazareth est sous vos yeux ! » Après Octobre, il se fait l'Isaïe de l'« autre univers » dans un poème Inonia (1918)[inoî signifie « autre »] où, plus hardiment encore que naguère, le terrestre et le céleste, les cosmogonies paysannes, les idées révolutionnaires et la théologie chrétienne s'amalgament, engendrant des images que seuls peuvent éclaircir d'incongrus syllogismes : la révolution est le Christ et la Russie qu'elle enfante est le paradis ; or le Christ est fils de Dieu, qui est le ciel, et de la Vierge, qui est la terre ; d'autre part, la terre nourricière se résume dans la vache ; donc la Vierge est aussi la vache et, par suite, le Christ est veau. D'où l'apostrophe du poète à Dieu le Père : « Ô Seigneur, mets bas ton veau ! », ce qui signifie : « Fais triompher la révolution ! » Cela n'empêche pas Essenine d'évoquer très simplement sa vieille mère qui, sur le perron,

De ses doigts peine à retenir Le rayon doré du couchant.

Cette période cosmique déborde d'optimisme et d'enthousiasme.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur honoraire de russe à l'université de Paris-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Pierre PASCAL. ESSENINE SERGE ALEXANDROVITCH (1895-1925) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • DÉGEL POÉSIE DU, URSS

    • Écrit par
    • 761 mots
    • 1 média

    1953 : les poètes Zabolotski, Smeliakov, Martynov sont en déportation ; Boris Sloutski et Naoum Korjavine ne sont pas publiés ; Akhmatova et Pasternak vivent de traductions. La poésie officielle, que ce soit celle du vétéran S. Kirsanov ou du jeune Evtouchenko, s'étale dans les journaux et couvre...

  • KLIOUÏEV NIKOLAÏ ALEXEÏEVITCH (1887-1937)

    • Écrit par
    • 342 mots

    Poète russe, né dans un village de la rive est du lac Onega. Son père était un paysan aisé et lettré, sa mère une pleureuse de profession. Pour le compte d'une secte des flagellants, Nikolaï Kliouïev effectue de nombreux voyages à travers la Russie. Il dirige leur assemblée à Bakou, compose des hymnes...

  • RUSSIE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par , , , et
    • 23 999 mots
    • 7 médias
    ...' (Les Douze) et Skify(Les Scythes), André Biély avec Hristosvoskrese(Christ est ressuscité), les poètes paysans Nicolas Kliouïev (Kljuev, 1885-1937) et SergeEssénine (Esenin, 1895-1925), auteur de Inonia, poèmes où s'exprime une vision apocalyptique et messianique de la révolution.