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SCIENTOLOGIE

L'organisation scientologique

La structure de la scientologie organise un système de progression sur le « pont ». Les organisations de base (orgs de classe 5) vendent les services d'introduction (classés de « préclair » à « clair »). Les orgs plus avancées (Advanced Orgs) commercialisent les niveaux secrets,gradués de 1 à 8, qui sont réservés aux « thétans opérants », les O.T., Operating Thetans). Les nouveaux adeptes appartenant à l'élite sociale, particulièrement prisés, sont dirigés vers les centres de célébrités (Églises de classe 5). L'ensemble des orgs observent des comportements standardisés à l'extrême en appliquant les mêmes procédures. Ces structures non électives sont excessivement hiérarchisées, cloisonnées et complexes. La scientologie se caractérise par un fantasme de toute-puissance qui entretient une mystique de l'organisation propre à attirer des sujets fragilisés. Elle innove cependant en coulant sa forme religieuse dans le moule managérial. La scientologie n'a en effet qu'un seul but : concevoir, fabriquer et vendre ses produits. Elle se développe notamment par des franchises percevant un pourcentage sur les ventes. Le prosélytisme est fondé sur des techniques de communication et de commercialisation, dont le fameux test de personnalité : test d'analyse de capacité d'Oxford. Les adeptes sont formés pour recruter. Ce commerce utilise les méthodes les plus profanes (promotions, achats groupés, etc.). La scientologie est naturellement très présente sur le terrain économique à travers son réseau Wise (World Institute of Scientology Enterprises, Institut mondial des entreprises de scientologie). Elle développe enfin un réseau d'associations caritatives utilisant aussi la Tech Standard. La scientologie « produit » l'adepte comme objet adéquat à son propre fonctionnement. Elle pratique peu l'injonction mais obtient une normalisation en travaillant le désir. L'adepte entretient en effet avec la scientologie une relation de nature asymétrique du fait de sa soumission inconditionnelle à une organisation hyperhiérarchisée et aussi du fait de sa croyance en la promesse proclamée de guérison qui provoque une situation de transfert. Dévalorisé par la découverte de sa « ruine », il trouve une valorisation dans le don de soi, forme particulière de sacrifice, qu'il accomplit en se conformant aveuglément aux normes. Cette soumission s'appuie sur des doctrines – la Tech Standard –, des instruments – l'électromètre –, des rituels – l'audition – et bien sûr des interprètes autorisés.

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Écrit par

  • : docteur en science politique, chercheur-associé à l'université de Lyon-II-Louis-Lumière

Classification

Pour citer cet article

Paul ARIÈS. SCIENTOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Ron Hubbard - crédits : Chris Ware/ Hulton Archive/ Getty Images

Ron Hubbard

Autres références

  • SECTES

    • Écrit par Louis HOURMANT, Jean SÉGUY
    • 9 508 mots
    • 1 média
    Le cas de l'Église de scientologie, probablement le mouvement le plus controversé au cours des années 1990, est bien représentatif de cette nouvelle tendance. Cette organisation, née au début des années 1950 aux États-Unis de l'imagination d'un écrivain de science-fiction, par ailleurs remarquable manager,...

Voir aussi