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ROLAND MANON (1754-1793) & JEAN MARIE (1734-1793)

Inspecteur général des manufactures de la généralité de Lyon à la veille de la Révolution, Roland a épousé en 1780 une Parisienne de condition modeste, mais bien plus jeune que lui, belle et instruite, nourrie de Rousseau, et qui dira plus tard que la lecture de Plutarque « l'avait disposée à devenir républicaine ». En 1790, le ménage s'installe une première fois à Paris, pour sept mois, car Roland a été chargé de présenter à la Constituante la délicate question de l'octroi de Lyon. Manon écrit alors dans Le Patriote français de Brissot, tient salon, reçoit notamment Robespierre, Brissot, Pétion, Buzot. Au cours de l'été de 1791, elle retourne à Lyon, mais la suppression de l'emploi de son mari par décret de la Constituante fournit un prétexte pour revenir à Paris en décembre 1791. Dans le salon de Mme Roland, on rencontre tout l'état-major de ce qui va constituer la Gironde et dont elle est l'inspiratrice. Manon fait tout pour éviter la rupture entre Robespierre, qu'elle estime, et les brissotins. Grâce à cette conduite habile et perspicace, le mari se pousse dans la politique et, n'étant point député, peut entrer dans le ministère brissotin comme ministre de l'Intérieur en mars 1792. Le « vertueux Roland » symbolise le nouveau gouvernement, mais l'influence de sa femme dans la conduite des affaires est indéniable : elle lui sert de secrétaire, rédige ses discours, ses circulaires. Dans Le Défenseur de la Constitution, Robespierre dénonce le « triumvirat féminin » (Mme Roland et, sans doute, Mme de Staël et Mme Condorcet). Roland, épousant la haine de sa femme pour le roi et la reine, adresse à Louis XVI un violent manifeste, agitant la menace du sang et de la guerre civile le 10 juin 1792. Il doit quitter le ministère. Après le 10 août, membre du Conseil exécutif provisoire, il ne va pas tarder à se heurter aux sans-culottes parisiens et à la Commune. Mme Roland conçoit une haine violente envers Robespierre et surtout envers Danton qui supplante son mari au Comité exécutif. Roland se montre un ministre compétent, consciencieux, qui s'efforce de réagir contre les excès de la centralisation et développe devant la Convention la notion de responsabilité ministérielle. Attaché à la liberté préconisée par les économistes, il se trouve accordé aux intérêts des négociants condamnant la taxation et la réquisition des denrées, ce qui l'oriente de plus en plus vers le conservatisme et achève de perdre le ménage dans l'estime des sans-culottes et de Robespierre. Roland démissionne le 22 janvier 1793. Il échappe à l'arrestation le 2 juin. Manon est exécutée le 8 novembre ; Roland se donne la mort quand il apprend l'exécution de Manon.

— Roger DUFRAISSE

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Caen

Classification

Pour citer cet article

Roger DUFRAISSE. ROLAND MANON (1754-1793) & JEAN MARIE (1734-1793) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BUZOT FRANÇOIS (1760-1794)

    • Écrit par Roger DUFRAISSE
    • 272 mots

    Né dans une famille de gens de justice, Buzot est avocat à Évreux, sa ville natale. En 1789, il rédige le cahier de doléances du bailliage et il est élu député du tiers état. Siégeant à l'extrême gauche et lié à Robespierre, il joue un très grand rôle dans la rédaction de la ...

  • GIRONDINS ET MONTAGNARDS

    • Écrit par Jean MASSIN
    • 2 561 mots
    • 1 média
    ...guerre offensive (Brissot, faisant figure de leader de la grande majorité des députés jacobins de la Législative ; les habitués rolandins du salon de Manon Roland ; les habitués girondins du salon de Mme Dodun, amie de Vergniaud ; Condorcet, plus jaloux de son indépendance) et ceux qui y étaient opposés...

Voir aussi