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ROCHES (Formation) Pétrologie

La science des roches comporte deux aspects complémentaires :

– leur interprétation, c'est-à-dire la recherche de règles et de lois qui rendent compte de leurs caractères, de leur répartition et, en définitive, de leurs conditions de genèse et évolution : c'est l'objet de la pétrologie ;

– leur description, c'est-à-dire l'analyse de leurs caractères de tous ordres, observables dans la nature ou au laboratoire ; cela conduit à les déterminer, à définir leurs relations mutuelles, à les placer dans des systèmes de classification : c'est l'objet de la pétrographie ;

En fait, il serait sans doute plus logique de désigner par « pétrologie » l'ensemble de la science des roches, leur interprétation constituant la pétrogénie (petrogenesis des auteurs de langue anglaise). Le terme lithologie, qui signifie aussi « science des roches », tend à prendre un sens plus restreint, s'appliquant soit à la seule étude macroscopique, soit aux seules roches sédimentaires.

Les roches sont les matériaux de l'écorce terrestre, constituant des formations géologiques. À ce titre, la pétrologie apparaît comme une des branches fondamentales de la géologie et se rattache aux sciences de la nature. Mais ces matériaux sont surtout des assemblages de cristaux ; aussi la science des roches est-elle très liée à la minéralogie et, par là, aux sciences de la matière.

Cycle des roches - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cycle des roches

Cette dualité se manifeste à la fois dans les méthodes et dans les raisonnements : les études pétrographiques reposent sur l'observation de la manière d'être des roches à la surface de la Terre et sur la définition physique et chimique de leurs caractères ; les raisonnements de la pétrologie font appel aux données et aux méthodes expérimentales des sciences physiques pour retrouver les conditions de formation des roches, mais cherchent à replacer ces conditions dans l'espace et dans la durée des temps géologiques.

Historique

L'évolution historique de la pétrographie se confond au début avec celle de la minéralogie et de la géologie. Elle est marquée, à la fin du xviiie siècle, par les discussions entre les « neptunistes » de l'école de A. G. Werner et les « plutonistes », qui suivent les vues de J. Hutton. Le triomphe du plutonisme conduit à distinguer les roches ignées ou éruptives des roches sédimentaires ; puis l'individualité des roches métamorphiques est reconnue. La pétrographie évolue alors de façon indépendante.

Robert Bunsen - crédits : SSPL/ Getty Images

Robert Bunsen

Les roches sont d'abord étudiées à partir de leurs caractères observables à l'œil nu ou à la loupe. Cela permet déjà de distinguer les types principaux et de construire des classifications, comme celles de J. Pinkerton (1811), J. McCulloch, A. Brongniart, K. C. von Leonhard, P. L. Cordier, H. Coquand... Mais on se préoccupe aussi de leur composition chimique : R. Bunsen distingue des roches éruptives acides, neutres et basiques, et déjà se pose le problème de leur évolution physico-chimique (T. Scheerer, J. Fournet, J. Durocher) et de leur diversification (L. von Buch, L. Elie de Beaumont). Les divers types de métamorphisme sont reconnus (J. Fournet, J. Durocher, A. Delesse, A. Daubrée), ce qui pose le problème de l'évolution des roches. Les rapports entre les roches métamorphiques et éruptives et le problème de l'origine du granite font l'objet de vives discussions (R. Bunsen, A. Delesse, J. Durocher, B. M. Keilhau, T. Scheerer, Virlet d'Aoust...). En fait, dès le milieu du xixe siècle, la plupart des problèmes majeurs sont abordés, et l'on trouve déjà émises toutes les grandes hypothèses qui seront tour à tour abandonnées et reprises jusqu'à nos jours.

L'application des phénomènes de polarisation à l'étude des roches introduit une véritable révolution ; mais la voie nouvelle tracée par H. C.[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Toulouse-III-Paul-Sabatier
  • : ingénieur de l'École nationale supérieure de géologie appliquée (E.N.S.G.), professeur à l'E.N.S.G., Nancy

Classification

Pour citer cet article

Maurice LELUBRE et Alain WEISBROD. ROCHES (Formation) - Pétrologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Cycle des roches - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cycle des roches

Robert Bunsen - crédits : SSPL/ Getty Images

Robert Bunsen

Cycles des roches - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cycles des roches

Autres références

  • ACIDES ROCHES

    • Écrit par Jean-Paul CARRON
    • 426 mots

    En pétrographie, on qualifie de « roches acides » celles qui contiennent plus de 65 p. 100 en poids du constituant SiO2 (la silice). Comme les minéraux les plus siliceux — à l'exception bien entendu du quartz — sont les feldspaths alcalins, pour lesquels la teneur en SiO2 est précisément...

  • ANDÉSITES ET DIORITES

    • Écrit par Jean-Paul CARRON, Universalis, Maurice LELUBRE, René MAURY
    • 2 066 mots
    • 2 médias
    C'est à l'abbé Haüy (Traité de géognosie de J. F. d'Aubuisson de Voisins, 1819), qui mettait ainsi l'accent sur la présence, dans ces roches plutoniques, de minéraux différant nettement les uns des autres par leur couleur, que les diorites doivent leur nom (du grec diorizô...
  • ARGILES

    • Écrit par Daniel BEAUFORT, Maurice PAGEL
    • 2 654 mots
    • 7 médias

    Les argiles ont été utilisées très tôt dans l'histoire de l'humanité, après le silex et la pierre taillée. Ce matériau possède des propriétés plastiques particulières : facilement modelable, il peut être figé de façon irréversible, ce qui a permis les premières applications domestiques...

  • BASALTES ET GABBROS

    • Écrit par Jean-Paul CARRON, Universalis, René MAURY
    • 3 670 mots
    • 2 médias

    Les basaltes et les gabbros sont des roches magmatiques dont la composition chimique est très voisine. Basaltes et gabbros sont en effet intimement liés géographiquement puisqu'ils représentent les constituants largement majoritaires de la croûte océanique (ou « plancher océanique »). Schématiquement,...

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Voir aussi