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BROWNING ROBERT (1812-1889)

La poésie retrouvée

Son optimisme, qui ne se dément jamais, est moins le terme d'une méditation qu'une réaction instinctive devant la réalité. C'est dire que la poésie de Browning n'est pas le véhicule de sa philosophie, mais que sa philosophie s'enracine dans sa poésie, dans l'amour et l'intérêt passionnés que lui inspire l'existence.

Cet enthousiasme explique en grande partie l'obscurité d'un discours précipité où abondent les ellipses et les hardiesses, et qu'on retrouve dans sa prose la plus spontanée, celle de ses lettres. Le « style grotesque », qui va parfois jusqu'à l'argotique et use d'images familières ou de symboles cocasses, peut exprimer des émotions sublimes ou des pensées sérieuses et débouche sur la poésie. Son « staccato » est on ne peut plus éloigné de la versification régulière d'un Tennyson ou d'un Swinburne.

Browning s'affirme surtout comme un prodigieux inventeur de formes. L'Anneau et le Livre est l'ouvrage d'un virtuose qui enchaîne les variations comme autant d'exercices de style. Pour chaque poème, il invente un mètre nouveau. Enfin, avec la poésie dramatique lyrique (Dramatic Lyrics, 1842) et le monologue souple, libéré de toute allure conventionnelle et merveilleux instrument d'exploration psychologique, il ouvre la voie à la littérature la plus moderne.

— Pierre BRUNEL

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Écrit par

  • : professeur émérite de littérature comparée à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Classification

Pour citer cet article

Pierre BRUNEL. BROWNING ROBERT (1812-1889) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HOMMES ET FEMMES, Robert Browning - Fiche de lecture

    • Écrit par Yann THOLONIAT
    • 914 mots

    Recueil majeur de la poésie anglaise du xixe siècle, Hommes et femmes marque l'apogée de la carrière de Robert Browning. Ce recueil paraît en 1855, alors qu'il vit depuis neuf ans en Italie, à Florence, avec sa femme la poétesse Elizabeth Barrett. Après les Poèmes dramatiques (1842)...

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Littérature

    • Écrit par Elisabeth ANGEL-PEREZ, Jacques DARRAS, Jean GATTÉGNO, Vanessa GUIGNERY, Christine JORDIS, Ann LECERCLE, Mario PRAZ
    • 28 170 mots
    • 30 médias
    ...délicieuse charmille. Ce fait se vérifie chez les meilleurs poètes de l'époque : Alfred Tennyson (1809-1892) et A. C.  Swinburne (1837-1909). Quant à Robert Browning (1812-1889), son « Dieu est dans le ciel, tout va bien dans le monde » coïncide trop avec l'opinion courante de l'âge victorien pour qu'on...
  • VICTORIENNE ÉPOQUE

    • Écrit par Louis BONNEROT, Roland MARX
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    • 11 médias
    ...J. A. Symonds (1840-1893) et Wilde (1854-1900). Un souci d'objectivité, correctif du romantisme confessionnel, restreint au minimum les « cris du cœur ». Browning rivalise presque avec Shakespeare comme « amateur d'âmes », mais ses explorations psychologiques se font par procuration, par l'emploi du « monologue...

Voir aussi