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REY FERNANDO CASADO ARAMBILLET, dit (1917-1994)

Un des comédiens les plus prestigieux du septième art en Espagne, qui avait incarné notamment Philippe le Beau, Don Quichotte de la Manche ou le père du général Franco, aura participé à quelque deux cents films, souvent sous la direction des plus grands metteurs en scène.

Fernando Rey naît le 20 septembre 1917 à La Corogne (Galice). Ses études d'architecture sont interrompues par la guerre civile, durant laquelle son père, colonel de l'armée resté fidèle à la République, est emprisonné et condamné à mort par les nationalistes franquistes. En 1960, il épouse l'actrice Mabel Karr. Dès 1936, Fernando Rey tient des rôles de figurant au cinéma et au théâtre. Un rôle plus important dans Eugenia de Montijo (1944), de López Rubio, lui assure des emplois de jeune premier. En 1948, il joue au Mexique dans Mare nostrum, auprès de l'actrice Maria Felix. Peu adepte de l'idéologie du national-catholicisme qu'exalte le cinéma de l'époque, il participe en voix « off » à Bienvenue, M. Marshall (1953), violente satire du régime franquiste, dirigé par L. G. Berlanga. Avec Cómicos (1953) de J. A. Bardem et Marcelino, pan y vino (1954) de Ladislao Vajda, sa figure devient populaire. En 1958, il joue dans Les Bijoutiers du clair de lune de Roger Vadim. Sa rencontre avec Luis Buñuel, dont il deviendra l'un des acteurs favoris, oriente sa carrière de façon décisive  : « Viridiana me sauva la vie ; ce film me fit sentir que j'étais le véhicule de quelque chose de plus important de ce que j'avais fait jusqu'alors. » Viridiana, qui obtient la palme d'or, en 1961, au festival de Cannes, définit en effet son image et sa personnalité  : barbe soigneusement taillée, regard dont les lueurs vont de l'humour à la folie, silhouette trapue, allure distinguée, gestes pondérés et sensuels. Dans Tristana (1970) de Buñuel, il incarne Don Lope, le vieillard tyrannique et pervers du célèbre roman de Benito Pérez Galdós. Ce sera son rôle le plus fameux. « Ce personnage me traumatisa beaucoup ; il s'était viscéralement fondu en moi ; il avait infusé en moi sa décrépitude. Par la suite, le manque d'imagination des metteurs en scène et des producteurs les poussa à me confier souvent des rôles comme celui de Don Lope. Mais ce fut une expérience inoubliable. » Par la suite, Buñuel le dirigera à nouveau dans Le Charme discret de la bourgeoisie (1972) et dans Cet Obscur Objet du désir (1977).

Fernando Rey travaille également sous la direction d'Orson Welles (Falstaff, 1966), de Francesco Rosi (Cadavres exquis, 1975), de Mauro Bolognini (La Grande Bourgeoise, 1974, La Dame aux camélias, 1980). En 1971, son personnage de mafioso français dans French Connection de William Friedkin lui a ouvert les portes de Hollywood, lui procurant une renommée internationale. Avec Elisa, vida mia (1976) de Carlos Saura, récit des retrouvailles, au seuil de la mort, entre un père et sa fille (Géraldine Chaplin), il obtient le prix d'interprétation masculine au festival de Cannes de 1977.

Dans le film de science-fiction Quintet (1979) de Robert Altman, il est le meneur de jeu auprès d'acteurs prestigieux  : Paul Newman, Vittorio Gassman, Bibi Anderson, Brigitte Fossey.

Dans Le Désert des Tartares (1977) de Valerio Zurlini, d'après le beau roman de Dino Buzzati, il est le lieutenant-colonel Nathanson, incarnation rigide de l'honneur militaire. Il interprète également de nombreux rôles d'homme d'Église dans L'Imposteur (1978) de Luigi Comencini, Monsignore (1982) de Franck Perry, Padre nuestro (1985) de Francisco Regueiro, ou encore 1492. La conquête du paradis (1992) de Ridley Scott.

En 1991, dans une monumentale série de télévision, Don Quijote, de Manuel Gutiérrez Aragón et Mario Camus, Fernando Rey livre une interprétation remarquable du chevalier à la Triste Figure, où[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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Pour citer cet article

Bernard SESÉ. REY FERNANDO CASADO ARAMBILLET, dit (1917-1994) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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