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RÉPUBLIQUE

République et élites face au peuple

La République sera toujours désormais celle d'un peuple. Cependant, des historiens et des sociologues, nous apprennent que la République française a tour à tour été la « république des notables », la « république des universitaires » (Christophe Charle) ou encore la « république des professeurs » (Albert Thibaudet), etc. L'intégration d'un grand nombre d'individus dans l'espace de la souveraineté, grâce au suffrage universel, n'exclut pas en effet que certains groupes sociaux assument un rôle dominant dans la république et l'État, sans pour autant posséder le statut de citoyen magistrat de l'Antiquité.

Si toute république moderne n'existe que par un peuple qui s'en réclame, sa mise en œuvre suppose la mobilisation d'élites sociales qui l'invoquent pour légitimer leur action. L'inégale participation des citoyens dans l'espace du politique renvoie à des différences sociales qui produisent un effet que Daniel Gaxie n'hésite pas à qualifier de « cens caché » (1978). Si ce cens est caché, il n'en est pas moins réel. Il explique largement que la république soit perçue et appréhendée très différemment selon que l'on est « faible » ou « puissant ». La permanence de cette situation explique sans doute que la notion de république fasse toujours l'objet de définitions contradictoires et équivoques.

À bien des égards, la construction de l'Union européenne illustre ce constat. Il ne s'agit pas d'une « autre histoire », mais bien plutôt d'une histoire dont la geste se perpétue.

— Jean-Claude BUSSIÈRE

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Pour citer cet article

Jean-Claude BUSSIÈRE. RÉPUBLIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BODIN JEAN (1529-1596)

    • Écrit par Pierre MESNARD
    • 4 649 mots
    • 1 média
    ...reconnaisse la dignité d' État. Il faut bien comprendre comment Bodin répond à cette question en posant deux termes corrélatifs dont la réciprocité établit, du même coup, l'existence et la structure de la société politique. Ces deux termes corrélatifs sont la république et la souveraineté.
  • COMMUNAUTÉ

    • Écrit par Stéphanie MOREL
    • 1 420 mots
    Privilégiant la communauté contre les communautéspour fonder une « République une et indivisible », le modèle français est toutefois moins rigide qu'il n'y paraît. Les études historiographiques et sociologiques ont montré les multiples « arrangements » de l'État français vis-à-vis des particularismes...
  • ÉTAT

    • Écrit par Olivier BEAUD
    • 6 352 mots
    ...été assez lente et a pris des voies diverses suivant les pays. En France, le mot État demeure largement inconnu au xvie siècle : c'est le mot de Respublica qui est d'usage. C'est ce dernier terme que le juriste Jean Bodin utilise pour intituler sa somme politique, Les Six Livres de la...
  • FLORENCE RÉPUBLIQUE DE

    • Écrit par Charles-Marie de LA RONCIÈRE
    • 4 485 mots
    • 3 médias

    Les débuts de la commune de Florence ressemblent à ceux de beaucoup d'autres communes italiennes. Ville de l'Empire romain germanique, elle s'émancipe progressivement au xiie siècle de la tutelle impériale et se donne les institutions des communes contemporaines : consuls, podestat,...

  • Afficher les 8 références

Voir aussi