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RECHERCHES SUR LES PRINCIPES MATHÉMATIQUES DE LA THÉORIE DES RICHESSES, Antoine Augustin Cournot Fiche de lecture

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Les fondements d'une théorie de la concurrence imparfaite

Cournot influença les marginalistes et en particulier Walras. Celui-ci, dans les Éléments d'économie politique pure(1874-1877), reprit la méthode mathématique et la « loi du débit », dont l'une des conséquences est la loi d'indifférence, c'est-à-dire l'hypothèse d'unicité du prix d'un bien sur un marché. L'égalité du prix et du coût marginal caractérise également l'équilibre concurrentiel chez Walras comme dans toute la microéconomie ; toutefois Walras ne retient pas l'analyse du duopole et de l'oligopole qu'il considère comme des situations exceptionnelles. Cette analyse, très contestée à la fin du xixe siècle par Bertrand et Edgeworth, sera réinterprétée dans la seconde moitié du xxe siècle en termes de jeux non coopératifs, dans lesquels les joueurs agissent séparément les uns des autres. L'analyse des stratégies utilisées par ces joueurs fonde la théorie contemporaine de la concurrence imparfaite.

Bertrand, dans une recension des Recherches publiée en 1883, oppose au raisonnement de Cournot l'idée que l'un des vendeurs, en abaissant seul son prix, peut attirer à lui la totalité des acheteurs et doubler sa recette ; cela implique que la baisse du prix en duopole n'a pas de limite et que deux vendeurs suffisent pour que le prix soit égal au coût marginal, alors qu'il fallait selon Cournot une infinité de producteurs pour parvenir à ce résultat. L'opposition entre les deux modèles subsiste dans l'analyse contemporaine de la concurrence imparfaite.

La critique d'Edgeworth, quant à elle, est double : en modifiant une hypothèse de Cournot selon laquelle les producteurs peuvent toujours satisfaire la demande qui leur est adressée, il montre qu'il peut ne pas exister d'équilibre ; mais sa critique la plus importante, formulée en 1881 dans Mathematical Psychics, porte sur la loi d'indifférence, dont il considère qu'elle n'est pas vérifiée dans les cas de concurrence imparfaite ; il propose une approche alternative de l'échange aujourd'hui réinterprétée en termes de jeux coopératifs, dans lesquels les joueurs coopèrent en formant des coalitions. Bien que très différente dans ses hypothèses de celle de Cournot, l'approche d'Edgeworth associe également le résultat concurrentiel à l'hypothèse d'un nombre infini d'agents ; lorsque les marchés sont approvisionnés par quelques producteurs seulement, les équilibres sont imparfaitement concurrentiels. C'est pourquoi ces deux approches sont aujourd'hui reprises par les économistes qui veulent proposer une théorie générale qui englobe les cas de concurrence parfaite et imparfaite, l'approche de Cournot étant plus spécifiquement fondatrice de l'analyse des stratégies employées par les producteurs pour exploiter à leur avantage les imperfections du marché.

— Claire PIGNOL

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Écrit par

  • : maître de conférence en économie, université Paris-I

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Pour citer cet article

Claire PIGNOL. RECHERCHES SUR LES PRINCIPES MATHÉMATIQUES DE LA THÉORIE DES RICHESSES, Antoine Augustin Cournot - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

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