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CLODIUS PUBLIUS APPIUS (env. 93-52 av. J.-C.)

Issu de la famille patricienne Claudia dans la Rome républicaine, le jeune Clodius se signale très jeune par ses malversations : il sert en effet en Asie sous les ordres de son beau-frère, Lucullus, et tente en ~ 68 de soulever les légions afin de s'emparer des trésors et du butin qui appartiennent à son riche parent. Lucullus chasse alors Clodius qui revient à Rome, non sans avoir été fait prisonnier par les pirates de la Méditerranée qui ont exigé une forte rançon avant de le libérer. Clodius poursuit à Rome sa carrière d'aventurier et son existence agitée, débauchée et oisive ; il se fait connaître surtout dans la classe politique par ses tendances démagogiques. Il semble qu'il entre alors en relation avec César qui en fera ce que Jérôme Carcopino appelle dans son ouvrage César « le chef de ses agents provocateurs ». Clodius accuse Catilina de concussion en ~ 65 afin de l'empêcher de devenir consul l'année suivante. En ~ 64, il part pour la Narbonnaise en même temps que le propréteur Murena et se signale dans cette province par ses exactions et ses rapines. Dans le courant de décembre ~ 62, il devient soudain célèbre à la suite du scandale de la fête des Damia. Cette fête, consacrée à la Bona Dea et réservée exclusivement aux femmes, a lieu chez Pompeia, l'épouse de César, et Clodius, pour approcher celle-ci se déguise en une harpiste, mais il est vite découvert, confondu et expulsé. L'affaire fait grand bruit à Rome. Traduit en justice en ~ 61, alors qu'il exerce la fonction de questeur, Clodius parvient à soudoyer ses juges ; il est acquitté malgré Cicéron qui exerce alors la charge de procureur. César, pour sa part, divorce de Pompeia, parce que « la femme de César ne peut être soupçonnée ». Le général romain, avant de partir pour la Gaule, charge Clodius d'attaquer Cicéron et d'affaiblir à travers lui le pouvoir sénatorial. Il a même pris soin de faire adopter le patricien Clodius par le plébéien P. Fontanus, selon la loi curiate. Ainsi Publius Clodius peut prétendre exercer en ~ 58 les fonctions de tribun de la plèbe et c'est au cours de cette même année qu'il accuse Cicéron d'avoir fait tuer sans jugement en ~ 63 un citoyen romain qui n'était autre que Catilina. Il force l'orateur à s'exiler, confisque et détruit ses biens. En août ~ 57, grâce à Milon, devenu tribun de la plèbe, et ennemi acharné de Clodius, Cicéron est rappelé. Mais César ne s'avoue pas vaincu et trouve une autre tactique : il charge les troupes d'esclaves et de chômeurs commandées par Clodius de harceler celles de Milon, tout dévoué à Pompée. Le récent vainqueur des Gaules souhaite en effet affaiblir politiquement son rival, avant de l'abattre. D'incessants combats opposent dans les rues les deux bandes armées. En ~ 53 Clodius se porte candidat à la préture et Milon au consulat pour l'année suivante, mais la situation est si troublée à Rome que les élections ne peuvent avoir lieu. Le 20 janvier ~ 52, Clodius est assassiné par Milon, au cours d'une rencontre entre les troupes des deux hommes sur la route de Bovillae. Lors des funérailles de Clodius, la plèbe se révolte et Pompée est chargé de rétablir l'ordre. Les partisans de Clodius empêcheront en partie Cicéron de prononcer la défense de Milon qui partira en exil avant l'issue du procès.

Clodius est un de ces hommes de main, nombreux à Rome en une période de guerre civile endémique, issus d'une aristocratie romaine décadente, qui se mettent au service des candidats au pouvoir absolu, comme Pompée, César et Crassus. De même que Catilina, Clodius a été l'exécuteur des basses œuvres de César qui a su l'utiliser sans jamais se compromettre personnellement.

— Joël SCHMIDT

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Écrit par

  • : diplômé d'études supérieures d'histoire, directeur de collections historiques

Classification

Pour citer cet article

Joël SCHMIDT. CLODIUS PUBLIUS APPIUS (env. 93-52 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CÉSAR (101-44 av. J.-C.)

    • Écrit par Claude NICOLET, Michel RAMBAUD
    • 7 706 mots
    • 6 médias
    ...s'agissait d'abattre Cicéron qui, contre les triumvirs et les ultras du Sénat, avait essayé de fonder une sorte de tiers parti, autour des chevaliers. César favorisa le passage à la plèbe du patricien P. Claudius, lequel briguait le tribunat pour 58 ; c'était un catilinien, ennemi de Cicéron, au service,...
  • CICÉRON (106-43 av. J.-C.)

    • Écrit par Alain MICHEL, Claude NICOLET
    • 5 893 mots
    • 1 média
    Dès 61, les populaires avec Clodius et César, les aristocrates conservateurs avec Caton, Pompée enfin revenu triomphant d'Orient attaquent de tous côtés la politique de Cicéron ; le Sénat retire aux chevaliers les avantages financiers qu'il leur avait consentis, les populaires accusent Cicéron de tyrannie...
  • CLAUDIA GENS

    • Écrit par Joël SCHMIDT
    • 888 mots

    Famille patricienne qui a donné à la Rome antique de nombreux hommes d'État. La gens Claudia a été fondée par Appius Claudius, d'origine sabine, qui vient à Rome avec quelque 5 000 clients en ~ 504. Il se montre un adversaire déterminé de la plèbe, refuse tout compromis lorsque celle-ci se retire...

  • MILON, lat. TITIUS ANNIUS MILO PAPIANUS (env. 95-48 av. J.-C.)

    • Écrit par Joël SCHMIDT
    • 636 mots

    L'histoire a surtout retenu le nom de Milon grâce au plaidoyer de Cicéron, Pro Milone, destiné à soutenir la cause de son client accusé du meurtre de Clodius en ~ 52, et traduit en justice. Mais avant de se retrouver ainsi inculpé, Milon s'est distingué par une carrière politique audacieuse,...

Voir aussi