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PSYCHOTHÉRAPIES

Cadre psychothérapeutique et statut des psychothérapeutes

Finalité des psychothérapies

La finalité des psychothérapies est trop souvent mal définie. S’agit-il de guérir des troubles mentaux, d’apaiser la souffrance psychique ou de contribuer à l’épanouissement personnel ? Pour répondre à cette question, il faut préalablement s’interroger sur la notion de santé que l’Organisation mondiale de la santé définit comme « un état de complet bien-être physique, mental et social ». Cette conception, introduite dans la deuxième moitié du xxe siècle, a peu à peu intégré, dans le champ sanitaire, un ensemble de demandes qui n’appartenaient traditionnellement pas au domaine médical. En effet, même si les médecins se sont toujours préoccupés du moral de leurs patients et de leurs difficultés de vie, l’héritage du modèle médical anatomoclinique a, le plus souvent, orienté leur action vers la lutte contre les processus morbides plutôt que vers l’aide psychosociale aux patients. Les psychiatres, qui ont suivi une formation médicale initiale, ont, plus que tout autre, été confrontés à cette évolution et leurs traitements sont devenus pluridisciplinaires, associant médicaments, interventions psychothérapeutiques et mesures sociothérapeutiques. De surcroît, ils ont été de plus en plus sollicités pour des détresses psychologiques qui n’avaient qu’un rapport lointain avec les maladies psychiatriques auxquelles ils avaient été traditionnellement confrontés et à la prise en charge desquelles ils avaient été formés.

Certes, il existe un continuum entre la tristesse légitime qui résulte par exemple d’un deuil, la démoralisation qu’induit une confrontation prolongée à d’importantes et durables difficultés de vie, un syndrome dépressif constitué et un état de stupeur mélancolique avec idées délirantes de persécution, mais ces situations ou ces troubles n’appellent pas les mêmes modalités d’assistance. Il faut donc distinguer :

– ce qui relève des difficultés psychologiques que nous connaissons tous (sentiment de malaise, d’inconfort, de morosité, d’insatisfaction, de manque de confiance en soi…), des modalités relationnelles conflictuelles (en famille, au travail, avec ses amis ou son conjoint…), de la souffrance secondaire résultant d’une perte (travail, déception sentimentale…) ou d’un échec, et de la sexualité mal assumée ;

– ce qui est de nature explicitement psychopathologique comme le trouble schizophrénique, le délire paranoïaque, la psychose maniaco-dépressive (trouble bipolaire), etc.

Il faut souligner ici que la frontière est parfois confuse entre ces deux ensembles (comme entre une timidité marquée et une phobie sociale sévère) et que le retentissement social ou la gêne fonctionnelle ne sont pas nécessairement plus importants dans un champ que dans l'autre. Par exemple, un patient maniaco-dépressif bien traité peut être moins handicapé par sa maladie qu’une personne veuve qui ne parvient pas à faire son « travail » de deuil. Enfin, un patient souffrant de trouble schizophrénique est particulièrement exposé à des conflits avec autrui, des frustrations, des problèmes sexuels, des moments de découragement…

De plus, si l’objectif des psychothérapies est de permettre au patient d’atteindre une santé mentale satisfaisante, encore faut-il pouvoir définir clairement ce que recouvre ce concept. Or, on dénombre au moins six acceptions de ce que peut être une santé mentale satisfaisante :

– un fonctionnement « hypernormal » avec une optimisation de ses capacités de créer, d’aimer, de travailler… Introduite dans les années 1950, cette approche aujourd’hui désuète a permis de montrer que la santé ne consistait pas seulement en l’absence de maladie ;

– une utilisation optimale de ses potentialités, selon le courant de psychologie positive qui s’est développé[...]

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Frédéric ROUILLON. PSYCHOTHÉRAPIES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 07/04/2023

Média

Psychothérapie - crédits : Kurt Hutton/ Picture Post/ Getty Images

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