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PSYCHOPATHOLOGIE COGNITIVE

Les biais cognitifs

Les biais cognitifs (d’attention, de mémoire, d’interprétation) renvoient aux situations dans lesquelles les personnes traitent préférentiellement certains types d’informations par rapport à d’autres, en fonction de leurs préoccupations spécifiques. Ainsi, les biais d’attention sélective envers certaines informations représentent un facteur important dans l’apparition et le maintien des troubles anxieux généralisés, des troubles d’anxiété sociale, des troubles dépressifs, des comportements addictifs (par exemple, en lien avec l’alcool) ou encore des troubles du comportement alimentaire. Ces biais attentionnels résultent du fait que les ressources attentionnelles sont préférentiellement allouées au traitement de stimuli ayant une signification émotionnelle particulière pour les personnes (une araignée, un visage menaçant ou triste, l’image d’un verre de vin ou d’un gâteau à la crème…), par comparaison à des stimuli émotionnellement neutres. Trois types de biais attentionnel ont été distingués :

– le biais de facilitation, dans lequel le stimulus émotionnel capte le foyer attentionnel de manière plus ou moins automatique (plus ou moins accessible à la conscience) ;

– le biais de désengagement, dans lequel la personne reste focalisée sur le stimulus émotionnel et ne peut s’en désengager ;

– le biais d’évitement, dans lequel le foyer attentionnel s’oriente loin du stimulus émotionnel.

Ces différents types de biais peuvent être identifiés au moyen de diverses procédures de chronométrie mentale permettant de comparer les temps de réaction face à des stimuli émotionnels et neutres. Il existe également des biais d’interprétation (plus ou moins conscients) qui conduisent, par exemple, les personnes dépressives et anxieuses à interpréter des situations ambiguës de façon systématiquement biaisée, en privilégiant les significations négatives ou menaçantes.

Par ailleurs, des biais de mémoire autobiographique ont été observés dans la dépression, se caractérisant par une tendance plus importante à mettre en mémoire et à récupérer des souvenirs négatifs. Ces biais, tout comme les biais d’interprétation, contribueront aux croyances négatives que la personne présentant une dépression entretient vis-à-vis d’elle-même, du monde et du futur (la « triade cognitive négative »). En outre, les personnes dépressives sont moins capables de penser à des événements positifs susceptibles de se produire dans l’avenir, ce qui a été mis en lien avec une diminution de leur bien-être (en particulier, dans le domaine des relations interpersonnelles).

Diverses procédures d’intervention ont été élaborées dans le but de modifier ou réduire ces biais de traitement et elles se sont avérées prometteuses, bien qu’encore peu diffusées. Par exemple, entraîner des personnes présentant une anxiété sociale à porter leur attention sur des visages neutres plutôt que menaçants conduisait à diminuer leur niveau d’anxiété quand elles étaient amenées ultérieurement à effectuer une présentation orale en public. Des techniques d’intervention se sont également avérées efficaces pour modifier les biais cognitifs d’interprétation. D’autres interventions ont été utilisées avec succès afin d’amener les personnes dépressives à accéder davantage à des souvenirs positifs, grâce à une procédure de rescénarisation par imagerie mentale des souvenirs négatifs ou en constituant, avec l’aide d’un procédé mnémotechnique, un stock de souvenirs positifs auquel elles peuvent avoir aisément accès quand elles se trouvent dans un état d’humeur négative. Enfin, des interventions ont également été conçues afin d’aider les personnes dépressives à anticiper un futur plus positif. 

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Martial VAN DER LINDEN. PSYCHOPATHOLOGIE COGNITIVE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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