PSYCHOLOGIE CLINIQUE DU COUPLE

La psychologie clinique définit le couple comme une relation privilégiée entre deux partenaires, émotionnellement importante et visant à être stable dans le temps, qui peut prendre différentes formes : entre autres, une union formalisée juridiquement (mariage, Pacs), une cohabitation ou une fréquentation entre personnes vivant séparément. La clinique du couple consiste, d’une part, à mettre en évidence et à évaluer les dimensions psychologiques spécifiques qui sont en jeu dans la relation et, d’autre part, à appliquer des traitements qui visent ces dimensions lorsqu’elles sont sources de tensions et de souffrances, afin de réduire la détresse et de promouvoir le bien-être relationnel. Il n’y a pas de théorie unitaire dans ce domaine, mais différentes approches dont nous résumons ici les points principaux.

Les dimensions psychologiques dans la relation de couple

Il y a tout d’abord deux dimensions relatives à la motivation à former un couple. Selon la théorie de l’attachement, tout individu a une motivation primaire à « rechercher une sécurité émotionnelle » dans une relation proche au sein de laquelle il puise affection et réconfort. Cette recherche est guidée par des modèles cognitifs dérivés de l’expérience relationnelle précoce avec les parents et ultérieure avec les pairs, qui déterminent la mesure dans laquelle les autres sont vus comme plus ou moins dignes de confiance et capables de procurer cette sécurité émotionnelle. Un historique relationnel de rejet ou d’incertitude quant à la disponibilité des autres envers soi mène à la construction de modèles dits « non sûrs », selon lesquels autrui est peu fiable ou est à craindre. Il est alors plus difficile d’approcher l’autre et, si une relation est établie, elle tend à être peu stable. La jalousie dite « suspicieuse » (c’est-à-dire ressentie bien qu’il n’y ait aucun indice d’infidélité de l’autre) est liée à ces modèles « non sûrs » d’attachement. La seconde dimension, décrite par la psychologie évolutionniste, est le « désir de s’engager dans une activité sexuelle ». Dans cette perspective, la relation de couple est vue comme le format idéal pour qu’un individu assure sa descendance, car elle optimise la certitude de la paternité pour les hommes et procure les ressources nécessaires aux femmes pour pouvoir se consacrer aux enfants. Comme dans un grand nombre de théories psychologiques du couple, la sexualité est vue ici dans son but reproducteur ; elle est rarement considérée comme un domaine d’accomplissement relationnel et émotionnel en soi. Parmi les limitations de cette perspective, il est à noter qu’elle échoue à expliquer la mise en couple de personnes de même sexe.

Il y a ensuite quatre dimensions relatives au fonctionnement du couple constitué. La première est la « satisfaction conjugale », à savoir la correspondance entre la relation attendue et la relation réelle. Elle est la clef de voûte d’une relation : les couples dans lesquels il y a insatisfaction chronique tendent à rompre de façon nettement plus fréquente. Les études longitudinales ont montré que la satisfaction ne reste pas constante au cours du temps ; elle fléchit selon le temps qui passe et selon les circonstances de la vie. Tout passage d’une étape du cycle de vie à une autre (la naissance des enfants, un décès dans la génération précédente) ou tout événement de vie majeur (une maladie, un déménagement) sont susceptibles d’altérer la satisfaction, du moins transitoirement, car il y a dans ces moments un besoin accru des deux partenaires l’un envers l’autre et donc une probabilité plus grande de désillusions potentielles. La deuxième dimension, qui est fortement liée à la satisfaction relationnelle, est le « soutien social » que s’apportent les partenaires, tant à un niveau émotionnel que dans la répartition des rôles familiaux et des tâches dans le foyer. De nombreuses études ont montré que l’important pour un bon fonctionnement du couple est que ce soutien réponde aux attentes des deux partenaires, quelles qu’elles soient (que la répartition des tâches soit traditionnelle ou égalitaire, par exemple). La troisième dimension est la « capacité à gérer les conflits » et à discuter de sujets de désaccords de façon constructive. Exprimer un taux largement plus élevé d’émotions négatives que de positives dans des moments de discussion et utiliser des comportements relationnels dénommés les « cavaliers de l’Apocalypse » (critiquer la personnalité de l’autre, être sur la défensive, montrer du mépris et être impassible) sont des prédicteurs de la dissolution de la relation. Il y a de fait des désaccords perpétuels dans tous les couples et c’est leur bonne gestion (avec humour et distance) qui est vitale pour le maintien d’une relation satisfaisante. La quatrième dimension est la capacité à créer un sens de « nous-itude » (we-ness), c’est-à-dire d’être une entité commune, en construisant une histoire partagée de la relation. Ce « sens de nous » est peut-être ce qui se rapproche le plus de l’amour, qui est une notion rarement mentionnée dans la psychologie scientifique. Cela implique de garder une admiration ou une estime réciproques par un entretien actif de la relation, d’autant plus important que les attracteurs initiaux (la sexualité notamment) tendent à s’affaiblir avec le temps. La « nous-itude » crée un sentiment général positif qui fait que chaque partenaire interprète positivement les actes de l’autre, ce qui renforce en retour la relation.

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