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DÍAZ PORFIRIO (1830-1915)

Homme d'État mexicain né le 15 septembre 1830 à Oaxaca (Mexique), mort le 2 juillet 1915 à Paris.

Porfirio Díaz est un métis (en partie Indien) d'origine modeste. Il se prépare à la prêtrise dès l'âge de quinze ans mais, quand la guerre avec les États-Unis éclate (1846-1848), il s'engage dans l'armée. Sa carrière militaire est brillante, notamment pendant la guerre de la Réforme (1858-1861) et la lutte contre les Français (1861-1867), qui imposent Maximilien comme empereur du Mexique.

La paix revenue, Díaz abandonne son commandement et retourne à Oaxaca. Mais, mécontent de l'administration Juárez, il mène une vague de protestation sans succès contre la réélection de ce dernier en 1871 (Juárez mourra l'année suivante). Il continue à protester sans plus de succès contre le président Sebastían Lerdo de Tejada en 1876, avant de fuir aux États-Unis. Il revient six mois plus tard et bat les forces du gouvernement à Tecoac (novembre 1876). En mai 1877, il est officiellement élu président.

Au cours de ce premier mandat de quatre ans, Porfirio Díaz entame un lent processus de consolidation du pouvoir et met en place une imposante machine politique. Son administration est surtout marquée par la répression des mouvements de révolte. S'étant opposé à la réélection de Lerdo, il décide de ne pas se représenter, mais choisit son successeur, le général Manuel González, qui ne tarde pas à le mécontenter. Porfirio Díaz finit par se présenter une nouvelle fois à la présidence, et il est réélu en 1884.

Pendant vingt-six ans, Porfirio Díaz est à la tête d'un gouvernement dictatorial, à l'esprit militaire. Il parvient à ce que la majorité des fonctionnaires lui obéissent directement. Le corps législatif est composé de ses amis, et la presse est muselée. Il exerce également un contrôle strict sur les tribunaux.

Porfirio Díaz assoit son pouvoir en répondant aux besoins des différents groupes et en faisant jouer les intérêts des uns contre les autres. Il gagne le soutien des métis en leur offrant des postes politiques. Les classes créoles aisées coopèrent en échange de la non-interférence du gouvernement dans leurs haciendas et de postes honorifiques dans l'administration. L'Église catholique adopte une politique de non-intervention dans les affaires de l'État en échange d'une certaine liberté. Les Indiens, qui constituent un tiers de la population, sont totalement exclus des politiques menées.

Quand Porfirio Díaz accède au pouvoir, le gouvernement mexicain est endetté et ne dispose que de très peu de liquidités. Il encourage donc les investissements étrangers. Ses deux principaux conseillers, Matías Romero et José Y. Limantour (après 1893), organisent l'afflux d'étrangers qui viennent construire des lignes de chemin de fer et des ponts, exploiter des mines et irriguer les champs. La nouvelle richesse du Mexique ne profite pourtant pas à tout le pays : la plupart des profits repartent à l'étranger ou restent entre les mains de quelques-uns. En 1910, l'économie est sur le déclin, l'État est obligé de recourir aux emprunts. Les salaires baissent et les grèves se multiplient. Les ouvriers agricoles, soumis au travail forcé, se retrouvent dans une situation d’extrême pauvreté.

Le 17 février 1908, Porfirio Díaz annonce qu'il va prendre sa retraite. Alors que les candidats élaborent leurs programmes, Díaz change d'avis et décide de permettre à Francisco Madero, réformateur aristocrate aux idées démocratiques, de se présenter contre lui. Madero perd les élections, comme prévu, mais lorsqu'il organise une insurrection militaire, le gouvernement offre étonnamment peu de résistance et s'écroule. Porfirio Díaz démissionne le 25 mai 1911, et part en exil au moment où la révolution mexicaine commence.

— Universalis

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Pour citer cet article

Universalis. DÍAZ PORFIRIO (1830-1915) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AMÉRIQUE LATINE, économie et société

    • Écrit par Jacques BRASSEUL
    • 13 724 mots
    • 22 médias
    ...sous-continent, on en a ainsi dénombré soixante-dix en Colombie au xixe siècle, soixante en Bolivie ou cinquante-deux au Venezuela. La dictature de Porfirio Díaz au Mexique dure trente-cinq ans, de 1876 à 1911, alors que « ses cinquante-deux prédécesseurs n'avaient occupé le pouvoir que cinquante-neuf...
  • AMÉRIQUE LATINE - Rapports entre Églises et États

    • Écrit par Jean Jacques KOURLIANDSKY
    • 6 741 mots
    • 2 médias
    ...mexicains, qui avaient soumis le clergé à une tutelle constitutionnelle étroite, voyaient dans les missions protestantes un contrepoids modernisateur. Le président Porfirio Díaz avait fait publier en 1879 un rapport favorable au travail effectué par ces confessions. Il nomma à deux reprises un protestant...
  • MADERO FRANCISCO (1873-1913)

    • Écrit par Olivier COMPAGNON
    • 842 mots

    Né le 30 octobre 1873 à Parras de la Fuente (État de Coahuila) dans le nord du Mexique, Francisco Madero est issu d'une influente famille créole aux lointaines racines portugaises, qui s'est enrichie dans des secteurs aussi divers que l'agriculture, la banque, les mines ou le commerce du vin. Comme...

  • MEXIQUE

    • Écrit par Jacques BRASSEUL, Henri ENJALBERT, Universalis, Roland LABARRE, Cécile LACHENAL, Jean A. MEYER, Marie-France PRÉVÔT-SCHAPIRA, Philippe SIERRA
    • 33 396 mots
    • 18 médias
    Jusqu'en 1876, le Mexique est un État instable et fragmenté. Porfirio Díaz arrive à la présidence par la force dans une économie stagnante depuis des décennies. Pour renforcer son pouvoir et relancer l'économie, il choisit de favoriser certains secteurs, d'accorder des rentes et des garanties sélectives...

Voir aussi