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PIRATES CHINOIS

La piraterie a été pratiquée sur les côtes chinoises de l'Antiquité à nos jours, mais les renseignements notoires sur les activités des contrebandiers et des pillards n'existent pas avant le xive siècle. À cette époque, sous la dynastie Ming, se développe le mouvement des Wokou, né au Japon. Il regroupe des Japonais, qui veulent se venger de l'attaque de leur pays par la dynastie chinoise précédente des Yuan (1280-1368), et des Chinois, fonctionnaires et marchands, mécontents de la nouvelle dynastie Ming (1368-1644), entourés d'une armée de contrebandiers, de bandits et de « frères de la côte ». À partir de l'archipel nippon, les Wokou s'implantent en Corée, atteignent les provinces côtières de la Chine du Nord puis celles de la Chine du Sud (du Shandong au Fujian). À la fin du xive siècle, le shōgun Ashikaga Yoshimitsu, voulant réhabiliter le Japon et son commerce, tente en vain d'interdire la piraterie. De son côté, l'empereur de Chine crée des milices de garde-côtes. Enfin, au cours du xve siècle, la suprématie de la marine chinoise permet l'essor de véritables relations commerciales en Asie orientale. En 1523, l'affaiblissement de l'autorité impériale japonaise et des incidents survenus à Ningbo entre deux ambassades japonaises ébranlent sévèrement le commerce officiel sino-japonais, relançant la contrebande et le trafic dans tous les ports chinois. Au xvie siècle, l'aggravation du climat social au Japon suscite une recrudescence de la piraterie qui trouve un terrain idéal sur la côte chinoise. Le recrutement chinois s'intensifie. Les bases émaillent la côte depuis le Shandong jusqu'au Guangdong à partir de 1530. Les pirates pénètrent jusqu'à Nankin et dans le sud d'Anhui. En 1553-1555, les pirates massacrent les populations. Du côté des pirates, on a conservé le nom de Wang Zhi qui s'illustra dans la contrebande du soufre (matière première servant à la fabrication des explosifs) et, du côté des forces impériales, ceux de Hu Zongxian, Yu Dayou, Qi Jiguang, qui affaiblirent considérablement la piraterie wokou au cours des années 1560-1570.

Un des plus célèbres mouvements de piraterie en dehors du précédent fut mené par Zheng Chenggong, plus connu sous le nom de Koxinga (1624-1662), qui prit la tête de la résistance antimandchoue dans le Fujian (à la même époque, les pêcheurs aborigènes Tanka du Guangdong, également antimandchous, marquèrent leur fidélité aux Ming réfugiés dans le sud de la Chine, par leurs activités de corsaires). La nouvelle dynastie Qing (1644-1911) organise la répression contre Koxinga. Les populations côtières étrangères au conflit sont contraintes à l'exode. Koxinga se réfugie à Taiwan et chasse les Hollandais installés depuis une quarantaine d'années. Il meurt l'année suivante. Son fils, qui lui succède, est abattu par les Qing en 1689.

À la fin du xviiie siècle, la piraterie en mer de Chine méridionale va se développer, à la suite du coup d'État des Nguyen (1787), libérant le Vietnam de la suzeraineté chinoise. Pirates vietnamiens et chinois profitent des désordres et s'organisent le long des côtes du Zhejiang, du Fujian et du Guangdong. Les jonques des pirates vietnamiens sont décimées par un typhon au Fujian, en 1800. La piraterie continue cependant son harcèlement en Chine du Sud et du Sud-Est et attaque victorieusement Taiwan en 1806.

La piraterie chinoise a été florissante pendant toute la période des guerres du xixe et du xxe siècle (trafiquants d'or, d'argent, de cuivre, de soieries, mais également d'armes et d'opium). Il a fallu attendre le milieu du xixe siècle pour la voir officiellement disparaître de Chine.

— Catherine MEUWESE

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Écrit par

  • : diplômée de Chinois et de russe à l'École nationale des langues orientales, licenciée de chinois, diplômée de l'université de Pékin

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