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DUFAU PIERRE (1908-1985)

Fils d'un architecte picard autodidacte, Pierre Dufau est né en 1908 à Arras (Pas-de-Calais). Après sa scolarité au lycée d'Amiens, il entre à l'École des beaux-arts de Paris. Au terme de sa formation d'architecte, il obtient le premier Second grand prix de Rome en 1938.

Urbaniste et architecte en chef de la reconstruction d'Amiens à la Libération, il confie notamment la réalisation de la place de la Gare à Auguste Perret. Pierre Dufau a ensuite la charge, de 1951 à 1955, d'établir plusieurs bases aériennes de l'O.T.A.N. ; il acquiert ainsi l’expérience de contrats extrêmement contraignants. Assez peu impliqué dans les opérations de logement, ce qui le classe à part de ses confrères de cette époque, Pierre Dufau construit de nombreux bâtiments de prestige à usage collectif où il est confronté avec la nécessité d'imposer une image de marque, facilitant le geste architectural : sièges sociaux de banques, le Time-Life Building à Paris, l'immeuble Publicis sur les Champs-Élysées, l'ambassade de France à Phnom Penh, la présidence de la République de la Côte d'Ivoire à Abidjan, etc.

Dans tous ces ouvrages, Pierre Dufau s'est refusé au moindre pastiche. Il utilise les matériaux de notre temps et les formes consacrées par le mouvement moderne de l'architecture. Ce n'est pas chez lui qu'on trouvera des détails « pittoresques » : dans une conférence, il déclare se rattacher à une conception « cistercienne » de l'architecture, signifiant par là que les techniques doivent êtres dominées par un sentiment intérieur. On comprend mieux cette volonté d'exprimer franchement une volonté créatrice, à la lecture du pamphlet que P. Dufau publie en 1964, Non à l'uburbanisme. Ce texte est rare dans la production littéraire des architectes par son humour constant ; les formules à l'emporte-pièce y fusent à chaque page : « En France, un immeuble ne s'entretient pas et pourtant il doit être éternel » ; « ce qui est fâcheux, ce n'est pas de centraliser les décisions, c'est d'étatiser l'exécution » ; « Samsufy ne suffit pas ! »

Comme Alfred Sauvy, Pierre Dufau est un partisan déclaré des transports en commun : l'une de ses plus indéniables réussites restera la station « Charles de Gaulle-Étoile » du R.E.R. où il a mis en œuvre en 1969 un ensemble de solutions originales. Pour faire face au problème posé par une foule en continuel déplacement et donc involontairement destructrice, il choisit des matériaux durables, solides et faciles à entretenir. Un autre parti a été de coordonner tous les câblages et toutes les canalisations en les rendant accessibles et modifiables suivant les innovations techniques tout en les dissimulant aux yeux du public. Enfin, Pierre Dufau modifie radicalement le système de l'affichage publicitaire : il le transporte au-dessus des voies, transformant ainsi un décor qui semblait immuable.

Architecte en chef du nouveau Créteil à partir de 1969, Pierre Dufau, devient animateur d'une équipe de plus de cent maîtres d'œuvre. Dans cette plaine de l'Est parisien, le pendant de La Défense pour un secteur longtemps défavorisé, il réalise l'hôtel de ville du nouveau Créteil (1972-1974) et une ville selon ses rêves. Toutes les activités sociales y sont en effet représentées, sans oublier un centre d'affaires bien pourvu en immeubles de bureaux. Il les estime indispensables et lutte pour les maintenir – et même pour en construire d'autres ! – à Paris (Publicis, 1973-1975 ; siège de la B.N.P., 1974-1976 ; siège de la S.N.E.C.M.A., 1975-1976). Pierre Dufau n'a jamais caché ce point de vue et en a retiré une réputation d'architecte au service des « grands intérêts ». Cette étiquette a occulté la franchise de son œuvre, parfois non dépourvue d'une tendance provocante à l'expressionnisme[...]

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Roger-Henri GUERRAND. DUFAU PIERRE (1908-1985) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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