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PAUL CÉZANNE ET LE THÈME DES BAIGNEUSES ET DES BAIGNEURS (repères chronologiques)

1867 Cézanne peint pour son ami de jeunesse Émile Zola L'Enlèvement (King's College, en dépôt au Fitzwilliam Museum, Cambridge), au sujet en réalité mal défini, mais qui manifeste son souci de peindre le nu, et de l'inscrire dans un paysage, dans cette toile, la campagne aixoise.

1875-1876 Baigneurs au repos (Fondation Barnes, Merion) est présenté à la troisième exposition impressionniste en 1877. Cézanne lui donne probablement à la même date un pendant féminin, Baigneuses (Metropolitan Museum of Art, New York). Il ne cessera plus de revenir sur ce thème, qui l'inscrit dans la tradition classique de la figure nue dans un paysage naturel, mais sans l'associer à un sujet mythologique, à quelques très rares exceptions près (La Tentation de saint Antoine, 1875-1877, musée d'Orsay, Paris). À la fin des années 1870 et au début des années 1880, Cézanne exécute dans un format carré plusieurs tableaux de baigneurs et de baigneuses.

1879-1882 Cézanne peint Trois Baigneuses (musée du Petit Palais, Paris), toile achetée par Matisse en 1899. Pour Matisse, il s'agit d'un « tableau de première importance », car « il est la réalisation très dense, très complète, d'une composition qu'il [Cézanne] a beaucoup étudiée dans plusieurs toiles qui, bien que placées dans des collections importantes, ne sont que les études qui ont abouti à cette œuvre ». Celle-ci, que Matisse possédera jusqu'à ce qu'il en fasse don au musée du Petit Palais, en 1936, est un jalon capital dans l'influence exercée par Cézanne sur les peintres français au début du xxe siècle.

1885-1887 Cinq Baigneuses (Öffentliche Kunstsammlung, Bâle) clôt un ensemble de toiles sur le même sujet où Cézanne trouve une manière personnelle de créer l'espace et d'y disposer des figures, annonçant, notamment par l'emploi de la touche oblique, Les Grandes Baigneuses de dix ans postérieures.

Vers 1885 Cézanne reprend dans Le Grand Baigneur (Museum of Modern Art, New York) une des figures des Baigneurs au repos de 1877, unifiant la surface picturale dans son entier par l'emploi de mêmes couleurs et d'une touche analogue pour le traitement du personnage et du décor.

1888-1890 Avec Quatre Baigneuses (Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague), Cézanne donne à son sujet une tonalité colorée très chargée, et aux personnages une théâtralité accrue. Le tableau influencera probablement Matisse dans Le Bonheur de vivre et Picasso dans Les Demoiselles d'Avignon.

Vers 1890 Baigneurs (musée d'Orsay, Paris) est la plus grande toile, et la dernière, jamais réalisée par Cézanne sur ce thème. Le nu masculin disparaît désormais de son œuvre. Au milieu des années 1890-1905, Cézanne se consacre à un projet d'envergure sur le thème des Grandes Baigneuses ; il travaille d'abord, semble-t-il, à la version aujourd'hui conservée à la Fondation Barnes, qui s'inscrit dans la lignée des Quatre Baigneuses de la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague ; puis il simplifie et synthétise les formes et les couleurs de celle de la National Gallery de Londres. Il passe dans le même temps d'une scène aux connotations sexuelles relativement affirmées, proche de ses toiles au contenu érotique des années 1860, à un paysage pastoral idyllique plus classique, son travail se terminant en 1906 avec la dernière version inachevée, celle de Philadelphie.

— Barthélémy JOBERT

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Barthélémy JOBERT. PAUL CÉZANNE ET LE THÈME DES BAIGNEUSES ET DES BAIGNEURS - (repères chronologiques) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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