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BASTID PAUL (1892-1974)

Fils d'Adrien Bastid, député du Cantal petit-fils de Paul Devès, sénateur du même département et ministre de Gambetta, Paul Bastid mène parallèlement deux brillantes carrières, universitaire et politique. Ancien élève de l'École normale supérieure, il obtient les titres de docteur ès lettres, ès sciences politiques et économiques, ès sciences juridiques et passe brillamment les agrégations de philosophie et de droit public. Cependant, très jeune il se sent attiré par la politique.

Après avoir essuyé un premier échec en 1919, il est élu député du Parti radical dans le Cantal lors de la victoire du Cartel des gauches en 1924 ; il conservera ce mandat jusqu'en 1940 et siégera ensuite à l'Assemblée nationale comme député de Paris jusqu'en 1951.

Conseiller général de son département, puis président du Conseil général, il est porté, le 21 février 1934, à la présidence de la commission des Affaires étrangères de la Chambre, en remplacement d'Édouard Herriot devenu ministre d'État. Sa haute culture, sa connaissance de la langue allemande, qu'il parle avec une pureté remarquable, l'expérience de nombreux voyages à travers l'Europe lui permettent d'aborder à ce poste les problèmes les plus complexes. Il se penche sur presque toutes les grandes questions internationales tout en tenant par ailleurs la rubrique de la vie internationale à La Dépêche. Car cet homme politique se double d'un brillant journaliste. En 1936, il est nommé ministre du Commerce du premier gouvernement du Front populaire formé par Léon Blum et il se fait partisan du retour méthodique à la stabilité des monnaies. Responsable de l'Exposition internationale de Paris, il contribue, par son action méthodique et efficace, au succès de cette manifestation. Ayant refusé de prendre part au vote donnant la délégation des pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940, il est révoqué de son mandat de conseiller général. Il participe activement à la Résistance et fonde, en 1942 sous le pseudonyme de Primus, le Comité général d'études avec Robert Lacoste, François de Menthon et Alexandre Parodi. Entré en 1943 au Conseil national de la Résistance, il est au côté du général de Gaulle lorsque le chef de la France libre descend les Champs-Élysées le 26 août 1944. Il devient vice-président des parlementaires résistants.

En 1944, il assure la première direction du journal L'Aurore, activité qu'il poursuit jusqu'en 1948, tout en continuant d'exercer son mandat parlementaire et de mener ses travaux d'écrivain. Le 17 juin 1946, il est élu à l'Académie des sciences morales et politiques.

L'Aurore ayant mis en cause Gaston Defferre au sujet des travaux de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire des vins, Paul Bastid se voit provoquer en duel par le maire de Marseille, et deux balles sont échangées sans résultat entre les deux adversaires le 29 mars 1947.

En 1951, non réélu dans la Seine, l'ancien ministre reprend sa carrière universitaire. Il enseigne le droit constitutionnel dans plusieurs villes de faculté avant d'obtenir une chaire à la faculté de Paris en 1956. La même année, il est promu directeur de l'Institut.

Il est l'auteur d'un Sieyès et sa pensée (1939) et a publié notamment Doctrines et institutions politiques de la seconde République (1945), La Révolution de 1848 et le droit international (1948), Le Gouvernement d'assemblée (1957), Benjamin Constant et sa doctrine (1967) ainsi que plusieurs recueils de poèmes, divers romans et des essais comme Proclus et le crépuscule de la pensée grecque (1969).

— Paul MORELLE

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Paul MORELLE. BASTID PAUL (1892-1974) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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