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PARRHASIOS D'ÉPHÈSE (entre 460 av. J.-C. et 455-env. 380 av. J.-C.)

Peintre grec, Parrhasios d'Éphèse est le fils du peintre Événor. Né à Éphèse, il répandit la mode du tableau de chevalet à Athènes, puis travailla en Asie Mineure où il mourut. Dans sa jeunesse, il aurait composé les dessins du bouclier de l'Athéna Promachos de Phidias (connu par un relief du Musée national d'Athènes) et d'une coupe d'Aristophanès (Boston) ainsi que les dessins de skyphos (coupe à deux anses) du toreute Mys. Pline et Suétone ont souligné le caractère lascif, voire libidineux, de sa peinture. Le second cite deux tableaux représentant l'un Atalante et Méléagre, et l'autre Arcigalle, acquis par Tibère pour la modeste somme de six millions de sesterces ! L'artiste s'intéressait plus aux corps mous et efféminés qu'aux anatomies viriles et saines. Peintre d'un Prométhée, il se serait servi, raconte Cicéron, d'un prisonnier torturé. Un autoportrait le représentant en Hermès l'aurait fait exiler, bien qu'il l'ait signé d'un pseudonyme. Parrhasios s'installa alors à Rhodes et à Cos. Pline cite et décrit plusieurs œuvres du peintre : Thésée, Ulysse simulant la folie, Ulysse et Ajax se disputant les armes d'Achille, Philoctète blessé, La Guérison de Télèphe grâce à la rouille de la lance d'Achille, Énée entre Castor et Pollux, un Dionysos, etc. Par les témoignages littéraires, nous savons enfin qu'il peignit une personnification et une allégorie, Le Peuple athénien et Arès.

D'après Pline, les dessins sur parchemin de Parrhasios étaient utilisés comme modèles dans les écoles. En outre, sa peinture a certainement influencé les dessins curvilignes des vases grecs du ~ ve siècle. Toujours selon Pline, l'œuvre de Parrhasios était caractérisée par le respect des normes de symétrie, la minutie expressive, l'élégance de la forme, la perfection des gestes, des lignes et des contours des corps. Il posa aussi le problème de l'insertion des personnages dans l'espace environnant, comme l'attestent des lécythes à fond blanc de la fin du ~ ve siècle. Artiste très raffiné, Parrhasios d'Éphèse donna à ses figures une expression intense qui traduit leur psychologie, et il réussit à leur conférer un intérêt mythique, mais sa préoccupation principale fut de situer ses figures dans un espace qu'il chercha à rendre dans ses trois dimensions.

— Alain MAHUZIER

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Écrit par

  • : assistant des fouilles d'Eboli (Campanie), moniteur à la bibliothèque de l'Institut d'art et d'archéologie de Paris

Classification

Pour citer cet article

Alain MAHUZIER. PARRHASIOS D'ÉPHÈSE (entre 460 av. J.-C. et 455-env. 380 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) - Les arts de la Grèce

    • Écrit par Pierre DEVAMBEZ, Agnès ROUVERET
    • 18 518 mots
    • 24 médias
    Comme on pouvait s'y attendre, les arts majeurs ne suivent qu'avec quelque retard le mouvement ; mais les maîtres de cette époque, Zeuxis et Parrhasios, se sont plu, à en juger par le titre de leurs tableaux, à représenter des sentiments émouvants ou violents. La sculpture même n'hésite pas à prendre...
  • LA LEÇON DE PEINTURE DU DUC DE BOURGOGNE (A.-M. Lecoq)

    • Écrit par Milovan STANIC
    • 974 mots

    Du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, Saint-Simon disait qu'il « était né avec un naturel à faire trembler. [...] Le prodige est qu'en très peu de temps la dévotion et la grâce en firent un autre homme ». Celui qui réussit à opérer une telle métamorphose ne fut autre que son éducateur, l'abbé...

Voir aussi