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PACO DE LUCÍA (1947-2014)

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De nouvelles voies pour le flamenco

L’improvisation et la richesse harmonique du jazz fascinent Paco de Lucía qui rencontre, entre autres, les guitaristes John McLaughlin et Larry Coryell avec lesquels il part en tournée en 1979. En décembre 1980, le trio (Al Di Meola a remplacé Coryell) enregistre en public Friday Night in San Francisco, un disque qui n’est ni du jazz ni du flamenco, et qui se présente davantage comme une fusion de musiciens que comme une fusion de musiques. Des millions d’exemplaires seront vendus de par le monde, marquant le début d’une nouvelle ère pour la guitare instrumentale ; le trio se produira partout, propulsant le musicien espagnol au sommet de la célébrité.

Parallèlement, Paco de Lucía pose les bases de son sextette. Si l’on y retrouve ses frères, Ramón (guitare rythmique) et Pepe (chant), Paco de Lucía ajoute des éléments nouveaux comme la basse électrique (Carles Benavent), le saxophone soprano et la flûte (Jorge Pardo), et le cajón (Rubem Dantas), instrument à percussion originaire du Pérou que Paco a découvert par hasard, et dont l’introduction va provoquer une profonde mutation dans la structure rythmique. Les albums Solo quiero caminar(1981) et One Summer Night (1984) témoignent de cette période. Virtuosité, expressivité et passion sont les aspects indissociables de la technique guitaristique de Paco de Lucía, un style qui va faire école parmi les jeunes générations (Tomatito, Juan Carmona, Vicente Amigo, etc.).

Entre les tournées, les enregistrements du trio de guitares et ceux de son sextette, ce travailleur acharné trouve le temps d’enregistrer également des albums au style plus traditionnel tels que Siroco, qui paraît en 1987. Dans sa quête permanente d’évolution du flamenco, Paco de Lucía continue à puiser son inspiration dans divers univers musicaux : musique classique espagnole (notamment les répertoires des compositeurs Isaac Albéniz, Manuel de Falla et Joaquín Rodrigo dont il adapte le Concerto d'Aranjuez), musiques indiennes, brésiliennes, arabes, repoussant sans cesse les frontières entre les genres. En 1998 sort Luzia, un disque en hommage à sa mère qui vient de mourir, peut-être l’un des plus personnels. Après une pause de quelques années au Mexique, le maître de la guitare flamenca fait son retour sur disque (Cositas buenas, en 2004 qui sera son dernier album studio) et sur scène avec un nouveau groupe composé de jeunes musiciens talentueux (Juan D’Anyelica et Niño Josélé aux guitares, Piranha aux percussions, Alain Pérez à la basse, Montse Cortés et La Tana aux chants). Loin des longues improvisations explosives ou des orchestrations symphoniques sophistiquées, le guitariste privilégie les pièces brèves et les petites configurations instrumentales. Le 25 février 2014, Paco de Lucía meurt d’une crise cardiaque à Cancún (Mexique) à l’âge de soixante-six ans.

— Francis COUVREUX

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Écrit par

  • : documentaliste, chroniqueur pour Django Station, Trad Magazine

Classification

Pour citer cet article

Francis COUVREUX. PACO DE LUCÍA (1947-2014) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 29/12/2014

Média

Paco de Lucía - crédits : Martial Trezzini/ EPA

Paco de Lucía

Autres références

  • GALVÁN ISRAEL (1973- )

    • Écrit par
    • 960 mots
    • 1 média
    ...crée alors des pièces très personnelles, inspirées par Franz Kafka (La Metamorfosis, 2000), par le compositeur Gerardo Núñez qui, dans le sillage de Paco de Lucía, l'entraîne sur les scènes de festivals de jazz (Galvánicas, 2002), et par le thème de la tauromachie (Arena, 2004). Durant cette...