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NORMA (V. Bellini)

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Une œuvre emblématique

Norma doit beaucoup à Felice Romani, librettiste hors pair, qui a effectué un travail considérable d'élagage sur la pièce de Soumet, et qui remaniera sans cesse son livret sous la pression de Bellini, qui exigeait constamment des révisions. Romani était de plus familier des thèmes de l'infanticide et de la prêtresse parjure, pour avoir déjà écrit les livrets de Medea in Corinto, melodramma tragico de Simon Mayr (1813), et de La sacerdotessa d'Irminsul, melodramma eroico de Giovanni Pacini (1820).

Mais la fascination qu'exerce Norma tient avant tout à la succession ininterrompue de cellules mélodiques à la constante richesse, mise au service d'une noble peinture des passions, sans sacrifier à l'évolution de l'intrigue et en tendant toujours conjointement à l'épure et au climax émotionnel. Des pages telles que la fameuse invocation « Casta diva », le duo « Mira, o Norma » ou l'air ouvrant la scène finale, « Qual cor tradisti », illustrent à merveille ces différentes qualités. L'œuvre exige de l'interprète principale des ressources vocales et dramatiques exceptionnelles, alliant à la fois puissance et agilité : au xxe siècle, Rosa Ponselle et, surtout, Maria Callas, qui en fera son rôle fétiche dix-huit années durant, de 1948 à 1965, ont réussi comme personne à réunir ces aptitudes dans ce « rôle des rôles ».

Parce que l'œuvre sait retrouver par sa musique – à la fois sublime et pathétique – et ses thèmes – amour divin, amour passion, amour maternel, amour et mort – des accents propres à la tragédie antique, Norma séduira des personnalités aussi diverses que Donizetti, Schopenhauer, qui y verra la « perfection de la tragédie », Chopin, James Joyce et... Richard Wagner. Norma, que ce dernier dirigera à Riga en 1837, est un des rares opéras italiens qui trouve grâce à ses yeux ; en 1839, il écrira même pour Luigi Lablache un air d'Oroveso, « Norma il predisse, O Druidi », qui ne sera cependant jamais intégré à l'ouvrage.

— Timothée PICARD

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure et de Sciences Po Paris, assistant à l'université Marc Bloch (Strasbourg), critique musical

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Pour citer cet article

Timothée PICARD. NORMA (V. Bellini) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Norma, Vincenzo Bellini - crédits : A. Dagli Orti/ DeAgostini/ Getty Images

Norma, Vincenzo Bellini