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PONSELLE ROSA (1897-1981)

Quelques semaines avant sa mort, Tullio Serafin confiait à son ami Walter Legge : « Dans ma longue vie, il y a eu trois miracles, Caruso, Ponselle et Ruffo. Hors ceux-ci, il y a eu quelques bons chanteurs. »

Du miracle Caruso, nous savons tout ou presque. Du miracle Ruffo, il nous reste des traces importantes. En revanche, la discographie peu abondante de Rosa Ponselle n'a laissé que de trop faibles échos du miracle que fut en elle l'alliance de la grandeur et de la souveraine beauté de la voix, de l'élégance de la silhouette, du charme de la personnalité et de la force du tempérament dramatique.

Née dans le Connecticut où ses parents, émigrés napolitains, géraient chichement une épicerie-boulangerie, Rosa Ponzillo apprit la musique dès sa plus tendre enfance, comme en se jouant. L'organiste de son église lui donna ses premières leçons de chant, mais elle avait déjà une voix si puissante que le saint homme la priait de se taire quand la chorale paroissiale se produisait en public. À quinze ans — premier engagement, premiers cachets — elle sonorisait au piano des projections de films muets. Vint ensuite le café-concert où elle chantait tant bien que mal et très fort des airs du répertoire classique. Puis, en compagnie de sa sœur Carmela, somptueux mezzo, ce fut le duo Those Italian Girls qui, avec un numéro se terminant par le trio final de Faust arrangé à deux voix, fit une tournée de trois ans à travers les États-Unis. Un professeur de chant entendit l'étrange duo et fit immédiatement auditionner la jeune Rosa par le célèbre Caruso. Six mois plus tard, après avoir travaillé le chant nuit et jour, mais sans avoir tenu le moindre rôle sur la plus petite scène, elle était Léonore aux côtés du célébrissime ténor lors de la création de La Force du destin au Metropolitan Opera de New York. Dans le public, ce fut la stupeur, l'enthousiasme, le délire... Une étoile était née. Mais à quel prix. Au prix d'un trac indescriptible, d'une « véritable agonie », comme elle ne craignait pas de le dire, d'un trac qui ne la quitta pas tout au long de sa carrière et qui, de guerre lasse et quel qu'ait été le prétexte de son départ, lui fit abandonner prématurément la scène.

Rosa Ponselle fit la presque totalité de sa carrière au « Met ». En dix-neuf ans, elle y chanta vingt et un rôles, dont certains dans des ouvrages donnés pour la première fois sur la grande scène américaine, tels Obéron, Don Carlos, Luisa Miller, Le Roi d'Ys, La Vestale...

Rosa Ponselle consacra le reste de ses jours à la promotion et à l'enseignement du chant.

— Jean ZIEGLER

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Jean ZIEGLER. PONSELLE ROSA (1897-1981) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )