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OFFENSTADT NICOLAS (1967- )

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Le lien entre recherche, enseignement et engagement

Offenstadt a publié également articles et ouvrages sur les questions d’historiographie et d’usage de l’histoire : pour lui, l’historiographie implique une posture critique, subversive, chassant le naturel. On pense à la codirection d'une encyclopédie en 2010, Historiographies, concepts et débats, au Que sais-je ? sur L’Historiographie l’année suivante, ou à la direction des Mots de l’historien en 2005. Plus généralement, il est soucieux que les apports de la recherche dépassent un public restreint. Il a toujours beaucoup enseigné : à Sciences Po, à l’université de Toulouse II, à Paris I, etc. Il a donné à bien des étudiants un goût pour l’histoire, conservé dans leurs recherches futures, leur apprenant notamment que le fait de travailler sur le passé ne doit pas empêcher de se nourrir de la sociologie, l’anthropologie, la science politique. Il est vu comme un enseignant voulant transmettre les avancées récentes de la connaissance et militant pour le décloisonnement des mondes académiques et scolaires.

Il s’attache à donner un écho large à la recherche en publiant hors du monde académique. Davantage qu’un intellectuel médiatique, il est un historien engagé, citoyen autant que chercheur. « [L’historien] ne doit pas rester dans sa tour d’ivoire », souligne-t-il lors d’un débat proposé par le Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire, qui s’intéresse à la fois à la façon dont l’histoire est enseignée et aux usages qui en sont faits dans l’espace public – comité qu’Offenstadt a contribué à fonder en 2005. Lien entre engagement et recherche : ses travaux ont abordé la question de la mémoire collective. Dans Le Chemin des Dames, de l’évènement à la mémoire, qu’il dirige en 2004, il s’agit d’étudier la difficile mémorialisation de l’évènement, les analyses permettant de comprendre comment se sont fabriquées histoire officielle et mémoire collective. Dans Les Fusillés de la Grande Guerre, ce qui occupe l’historien est moins l’événement en tant que tel, que l’enjeu de mémoire qu’il représente. La question de la mémoire collective revient dans les travaux sur le Moyen Âge : il insiste sur le fait que la mémoire collective joue un rôle important après la guerre, une fois la concorde établie. Pour que l’ordre de la paix s’impose, il faut l’oubli ; « oublier et se taire, voilà deux préconditions du retour à l’ordre et à la paix ».

À la fin des années 2000, il a été parmi les leaders de l’opposition au projet d’une Maison de l'histoire de France, qu’il considérait comme « [s’inscrivant] dans l’offensive idéologique de retour au roman national d’exaltation des racines qui marque les discours sur l’histoire tenus par et autour du président ». Dans L’histoire bling-bling (2009), il exprime son irritation face à l’irruption du pouvoir dans le champ de l’histoire, et montre qu’on assiste à un retour du « roman national » qui tendrait à « naturaliser le patriotisme ». L’historien appelle à « [dessiner] un nouvel espace public […] pour que l’histoire soit le bien de tous ».

— Paula COSSART

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Écrit par

  • : maître de conférences en sociologie, université de Lille, faculté des sciences économiques sociales et des territoires, Centre d'études et de recherches administratives, politiques et sociales

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Pour citer cet article

Paula COSSART. OFFENSTADT NICOLAS (1967- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 20/02/2014

Média

Nicolas Offenstadt - crédits : Miguel Medina / AFP

Nicolas Offenstadt