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PELÉE MONTAGNE

Découverte le 15 décembre 1502 par Christophe Colomb lors de son quatrième voyage vers les Indes occidentales, puis colonisée à partir de 1635, la Martinique possède l'un des volcans les plus célèbres des Petites Antilles : la montagne Pelée. Ce volcan fait partie de l'arc insulaire des Petites Antilles, long de 850 km ; d'orientation subméridienne et reliant l'Amérique du Sud au Grandes Antilles. Cet arc volcanique est le résultat du plongement et de la fusion (subduction) de la croûte océanique atlantique sous la plaque Caraïbe.

Martinique [France] : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Martinique [France] : carte administrative

Massif dominant de la Martinique, la montagne Pelée se situe dans la partie nord de l'île. Sa superficie est de 120 kilomètres carrés pour un diamètre de base moyen de 13 kilomètres ; avant l'éruption volcanique de 1902, elle culminait à 1 351 mètres, au Morne-La-Croix qui dominait une caldeira sommitale dite de l'Étang-Sec.

L'édification de ce volcan devait commencer il y a 300 000 ans environ (la Martinique a environ 50 millions d'années). Trois phases se sont succédées. Au cours du premier stade, le volcan peléen primitif, qui se construit sur le versant sud du mont Conil, émet principalement des coulés de laves massives et autoclastiques, intercalées avec d'épaisses formations lahariques (des cendres). Une deuxième phase débute il y a 40 000 ans avec un strato-volcan semblable à celui d'aujourd'hui et animé d'éruptions explosives. Une troisième phase débute il y a 13 500 ans environ ; elle a conduit à l'édification du volcan actuel, au cône central régulier. Des restes de foyers de populations caraïbes ou arawaks retrouvés sous des dépôts volcaniques témoignent de l'activité volcanique préhistorique de la montagne Pelée. D'autres éruptions, majeures ont été datées à 650 ans B.P. et 305 ans B.P. (formation de la caldeira), en 1792 et en 1851-1852.

Éruption de la montagne Pelée - crédits : Henry Guttmann/ Hulton Archive/ Getty Images

Éruption de la montagne Pelée

Les phénomènes précurseurs de l'éruption de 1902 datent de 1889 ; ils consistèrent en l'apparition de petites fumerolles dans la caldeira. Ce type d'activité s'était déjà produit en 1792 et en 1851, mais, cette fois-ci, dès le 2 mai 1902, des cendres volcaniques tombent sans interruption. Le 5 mai, le barrage de l'Étang-Sec se rompt et l'eau se déverse en formant rapidement un lahar qui ensevelit une usine et fait vingt-cinq morts. Quelques petits séismes sont enregistrés et, le 8 mai, à 8 heures, une formidable explosion se produit, suivie d'une nuée ardente détruisant tout sur son passage et rasant la ville de Saint-Pierre, où périssent 28 000 personnes, laissant seulement deux survivants, dont Auguste Cyparis, un prisonnier qui dut son salut aux murs épais de son cachot.

Une étude des cadavres a montré que beaucoup de gens sont morts à cause de l'onde de choc précédant la nuée ardente à la vitesse de 600 km/h, qui a fait éclater les corps, mais, de toute façon, la température de la nuée ardente était probablement de l'ordre de 300 à 350 0C. Le nombre des morts peut paraître important pour une explosion que de nombreux signes précurseurs pouvaient laisser prévoir. Mais le climat social et politique en est responsable (le gouverneur ayant refusé l'évacuation de la ville, car des élections devaient avoir lieu). Cette année-là, quatre autres éruptions de la montagne Pelée firent au total 40 000 morts.

Ainsi, jusqu'au 6 juin, l'activité du cratère reste violente et l'on peut noter trois nuées ardentes semblables à celle du 8 mai (20 mai, 26 mai et 6 juin). Du 6 juin à la mi-août, on observe un calme relatif ; il est suivi d'une recrudescence jusqu'au 30 août, jour où se produit la plus fantastique nuée ardente de l'éruption, qui détruit les villages de Morne-Rouge et d'Ajoupa-Bouillon. Mais la phase finale sera la plus instructive pour les géologues qui surveillent l'éruption, car elle se caractérise[...]

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Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015

Classification

Pour citer cet article

Yves GAUTIER. PELÉE MONTAGNE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Martinique [France] : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Martinique [France] : carte administrative

Éruption de la montagne Pelée - crédits : Henry Guttmann/ Hulton Archive/ Getty Images

Éruption de la montagne Pelée

Autres références

  • CARAÏBES - L'aire des Caraïbes

    • Écrit par Christian GIRAULT
    • 5 011 mots
    • 8 médias
    ...pacifique depuis le Guatemala jusqu'au Panamá (volcans Santa María au Guatemala, Momotombo au Nicaragua, Arenal et Irazú au Costa Rica). Par ailleurs, l'éruption de la montagne Pelée du 8 mai 1902, qui anéantit par une nuée ardente la ville de Saint-Pierre (Martinique), démontra la dangerosité du volcanisme...
  • MARTINIQUE

    • Écrit par Christian GIRAULT
    • 3 569 mots
    • 8 médias
    ...distance n’est que de 64 kilomètres et aucun point n’est situé à plus de 12 kilomètres du rivage. Le relief est particulièrement accidenté. Au nord se profile la montagne Pelée avec son cône bien dessiné, qui culmine à 1 397 mètres, un volcan de terrible réputation, puisque les éruptions de mai 1902...
  • VOLCANISME ET VOLCANOLOGIE

    • Écrit par Roger COQUE, Jean-François LÉNAT, Haroun TAZIEFF, Jacques VARET
    • 14 540 mots
    • 36 médias
    ...cas extrême, elles sont poussées vers le haut en monolithes verticaux, appelés «  aiguilles ». La plus célèbre fut celle, haute de 400 mètres, que la montagne Pelée engendra après la catastrophe de 1902. Les dômes peuvent croître dans le cratère même, c'est le cas le plus habituel ( Merapi, Bezimiannyi,...

Voir aussi