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MOHAMMED VI (1963- ) roi du Maroc (1999- )

Mohammed VI,  roi du Maroc - crédits : Didier Baverel/ WireImage/ Getty Images

Mohammed VI, roi du Maroc

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En juillet 1999, à la mort du roi Hassan II, qui a régné sur le Maroc pendant trente-huit ans, son fils aîné, le prince héritier Sidi Mohammed, devient, sous le nom de Mohammed VI, le dix-huitième souverain du royaume chérifien.

Mohammed VI est né le 21 août 1963 à Rabat. Quand il a quatre ans, son père le fait entrer à l'école coranique du Palais royal. Il poursuit des études secondaires au collège royal, où il passe son baccalauréat en 1981. En 1985, il obtient sa licence en droit (son père est aussi licencié en droit) et présente ensuite à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat un mémoire sur L'Union arabo-africaine et la stratégie du royaume du Maroc en matière de relations internationales. Dès la fin des années 1970, Sidi Mohammed représente son père dans certaines occasions et accomplit diverses missions. Ainsi, en septembre 1983, il préside la délégation marocaine aux travaux du comité de mise en œuvre de l'Organisation de l'unité africaine (O.U.A.) sur le Sahara, à Addis-Abeba.

Son rôle devient de plus en plus important. Le 26 novembre 1985, le prince héritier est nommé par le roi coordonnateur des bureaux et services de l'état-major général des Forces armées royales. Le 29 octobre 1993, à l'université de Nice, Sidi Mohammed obtient le grade de docteur en droit en soutenant une thèse sur La Coopération entre la Communauté économique européenne et l'Union du Maghreb arabe. C'est dans le cadre de la préparation de ce doctorat qu'il accomplit un stage de plusieurs mois, en 1988, dans le cabinet de Jacques Delors, président de la Commission des Communautés européennes. Tout au long des années 1990, le futur roi préside régulièrement des manifestations liées aux relations entre l'Union européenne et la Méditerranée.

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Le 30 juillet 1999, dans son premier discours, le nouveau souverain promet de consolider l'expérience d'alternance politique que connaît le pays depuis 1998, en maintenant le socialiste Abderrahmane Youssoufi au poste de Premier ministre. Ses promesses ont rassuré l'opinion publique marocaine, qui attend leur réalisation concrète, sans oublier celle faite aux femmes marocaines d'améliorer leur condition. Le jeune roi relance les chantiers tels que l'assainissement de l'administration, le renforcement de l'État de droit et des libertés publiques, le combat contre la corruption, la défense des droits de l'homme. C'est sur ce terrain que les mesures sont les plus spectaculaires : dès septembre 1999, retour de l'opposant Abraham Serfaty puis, en novembre, des enfants du leader de l'opposition assassiné, Mehdi Ben Barka, mise en place d'une commission chargée d'indemniser les victimes de tortures, libération du leader islamiste cheikh Yassine en mai 2000. Le limogeage du tout-puissant ministre de l'Intérieur, Driss Basri, en novembre 1999, est bien accueilli par l'opinion publique marocaine. La première tournée du jeune souverain dans le nord déshérité du pays, le Rif, en octobre 1999, montre qu'il entend donner une impulsion économique et politique à toutes les régions du Maroc.

En outre, le roi plaide la cause de son pays à l'extérieur. De l'Arabie Saoudite à l'Espagne, à l'Italie, pour négocier la transformation de la dette du Maroc envers Rome en investissements directs (mars 2000), puis à l'Égypte, pour assister au sommet euro-africain en avril 2000 (après avoir réussi à écarter le front Polisario de cette grande manifestation), Mohammed VI montre qu'il a beaucoup appris de son père en matière de politique internationale, que ce soit pour la diversification des partenaires ou dans le choix des relations stratégiques. Dans ce contexte, en faisant de la France la destination de sa première sortie officielle, en mars 2000, Mohammed VI marque sa préférence, et se rend ensuite aux États-Unis (juin 2000). Le Maroc compte sur la France pour forcer les portes de l'Union européenne et régler ainsi les questions touchant à son agriculture, à la pêche ou aux problèmes migratoires (les visas).

« M 6 », comme l'appelle la jeunesse marocaine, fait une grande partie du travail que le gouvernement devrait en principe effectuer. Le roi veut faire comprendre à la classe politique marocaine que l'économie pourrait devenir aussi une des « chasses gardées » du Palais, si la situation dans ce domaine ne sortait pas de l'immobilisme. Le problème des inégalités sociales constitue en effet une véritable bombe à retardement, au moment où l'islamisme radical s'affirme au Maroc comme une force politique de première importance.

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Ainsi, aux élections législatives de 2002, une organisation islamiste, le Parti de la Justice et du développement s'impose comme une force électorale majeure en remportant plusieurs circonscriptions. Mais ce sont surtout les attentats de Casablanca du 16 mai 2003 (45 morts) qui poussent le roi à intervenir contre le mouvement islamiste radical. Il encourage la mise en œuvre d'un dispositif législatif répressif contre le terrorisme ; par ailleurs, il promulgue en janvier 2004 un nouveau Code de la famille (moudawana) améliorant nettement le statut des femmes marocaines.

Tout en se préoccupant des questions sociales, le roi oriente de plus en plus son attention sur la scène internationale. Et d'abord sur la question du conflit israélo-palestinien puisqu'il est le « gardien » de la mosquée Al Qods à Jérusalem. Les relations entre le Royaume chérifien et Israël se dégradent au moment de la seconde Intifada, le roi faisant fermer le bureau de liaison d'Israël à Rabat en octobre 2000. Il autorise et encourage plusieurs marches « pour la Palestine », dont celle qui rassemble 300 000 personnes à Rabat le 7 avril 2002. Mais, dans le même temps, il se rapproche des États-Unis avec qui il conclut un accord de libre-échange en 2004. Sur la question du Sahara, il poursuit l'action de son père en prônant l'intégration des « provinces du Sud » dans le Royaume, malgré les révoltes d'une partie de la jeunesse sahraouie en mai 2005. En 2006, le roi accorde une autonomie interne au Sahara occidental.

Le roi reste omniprésent dans la gestion des affaires publiques, et les partisans d'une monarchie constitutionnelle sont tenus en suspicion. C'est pourtant lui qui encourage la tenue de la commission Équité et Réconciliation chargée de recueillir les doléances des victimes des exactions commises sous le règne de Hassan II.

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Alors que le Maroc est à son tour gagné par les révoltes du « printemps arabe », au début de 2011, notamment avec le mouvement du 20-février, le roi Mohammed VI réussit à désamorcer la contestation en proposant une réforme de la Constitution. Celle-ci est approuvée par référendum en juillet 2011 ; la nouvelle Loi fondamentale prend en compte certaines des aspirations populaires, notamment en renforçant le poids du Premier ministre, lequel sera désormais nommé au sein du parti vainqueur des élections législatives, mais le roi conserve, malgré tout, la mainmise sur tous les rouages importants de l’État.

(Voir également MAROC, chronologie contemporaine)

— Benjamin STORA

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    Ainsi, Mohammed VI accède au trône en 1999, alors que la monarchie constitutionnelle est forte d'institutions solides, mais est en butte à de nouvelles oppositions et à une problématique sociale qui s'aggrave.

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