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COURNOT MICHEL (1922-2007)

Né à Paris le 1er mai 1922, avenue des Ternes dans le XVIIe arrondissement, Michel Cournot fait des études secondaires dans plusieurs lycées – Charlemagne, Louis-le-Grand, Henri IV – au fil des déménagements de sa famille.

Le 11 novembre 1940, cinq mois après l'entrée des Allemands dans Paris, il participe à une manifestation spontanée de lycéens et d'étudiants place de l'Étoile, pour soutenir de Gaulle. Arrêté, il passera plusieurs semaines en prison, à la Santé. Il conduit ensuite des études supérieures à la faculté des lettres de Paris. Dès la Libération, il s'exerce au journalisme à La République du Sud-Ouest de Toulouse, où il a rejoint la nouvelle équipe de rédaction. De retour à Paris, il se voit proposer la chronique théâtrale de la revue L'Arche, avant que Jean Paulhan lui confie la critique cinématographique des Cahiers de la Pléiade. C'est aussi dans la collection dirigée par celui-ci qu'il publie Martinique, recueil de poèmes anticolonialistes qui lui vaut le prix Fénéon en 1950. Par Jean Paulhan il va connaître également Henri Michaux, poète qu'il admire et qui aura une certaine influence sur son écriture.

Au tout début des années 1950, Michel Cournot rencontre Pierre Lazareff et devient grand reporter à France-Soir. À partir de 1957, il se tourne vers l'écriture de livres. Le Premier Spectateur raconte minutieusement les trois mois de tournage, du 14 janvier au 14 avril 1957, du film Les Espions d'Henri-Georges Clouzot. L'ouvrage obtiendra le prix des Deux-Magots au début de 1958. L'année d'après, inspiré par l'une de ses enquêtes pour France-Soir, il publie Les Enfants de la justice, succession de dialogues dépouillés entre un juge pour enfants et de tout jeunes délinquants, plus souvent victimes que coupables.

Après avoir collaboré à L'Express dès 1960, il rejoint Le Nouvel Observateur, à sa création en 1964, et en devient le critique cinématographique. Michel Cournot ne raconte pas les films dont il rend compte, il procède par digressions, métaphores, associations d'idées, d'émotions, d'images, porté par une écriture plus littéraire que journalistique, voire poétique. Significativement, l'un de ses plus célèbres articles, consacré à Pierrot le fou de Jean-Luc Godard, sera même surtitré « poésie ».

En 1968, son premier film, Les Gauloises bleues, fait partie de la sélection officielle française au festival de Cannes, qui ne pourra se tenir jusqu'au bout en raison des événements de mai. Le film ne sera pas projeté. Les Gauloises bleues sort en salles le mercredi 28 août 1968. Unanimement salué par la critique pour sa beauté grave, il ne reçoit pas le même accueil de la part du public, quelque peu dérouté par ce film complexe, histoire d'un homme qui, attendant la naissance de son fils dans un couloir d'hôpital, revoit son existence passée, son enfance difficile. Ce sera son premier et dernier film.

En passant de l'autre côté de la caméra, Michel Cournot avait abandonné la critique de cinéma. Il revient au Nouvel Observateur, comme critique littéraire, cette fois, avant d'être appelé en 1973 par Yvonne Baby, responsable des pages culturelles du Monde, dont il devient le critique dramatique. Là aussi, il va se distinguer par l'originalité de son regard, intégrant à sa vision du spectacle divagations et comparaisons pour mieux éclairer son propos, s'attachant souvent à un détail pour mieux donner une idée de l'ensemble. Parfois même, lorsque la pièce se joue en plein air, comme au festival d'Avignon, il invite dans son article le plus discret bruissement de feuillage, afin de rappeler, à sa manière, que le théâtre, c'est la vie.

Michel Cournot publie deux autres livres, Histoire de vivre, recueil de nouvelles (1994) et Au cinéma (2003), recueil d'un[...]

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Écrit par

  • : rédacteur en chef adjoint aux Nouvelles littéraires

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Pour citer cet article

Maurice ACHARD. COURNOT MICHEL (1922-2007) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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