MEXIQUE
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Le Mexique de l'indépendance à la fin du XXe siècle
Formation de la nation mexicaine
L'indépendance
La société coloniale a porté tous ses fruits au cours du brillant xviiie siècle dont le baron Alexandre de Humboldt a laissé un tableau saisissant, à la veille de l'indépendance. Deux sociétés parallèles existaient depuis la conquête : les Indiens, à mi-chemin entre deux mondes ; les Européens, qui contrôlaient la vie économique, politique et sociale. Le système des castes perpétuait la séparation entre les deux mondes, sans pouvoir empêcher le développement de mécontents turbulents, les métis et les mulâtres. Mécontents aussi, les créoles, nés en Amérique, espagnols par leurs ancêtres, défavorisés dans la distribution des postes administratifs, méprisés par les Espagnols et lésés par le système colonial. Le mécontentement des créoles, mal défini mais fondé sur des bases sérieuses, cristallisa lors de la disparition de la monarchie espagnole, confisquée par Napoléon en 1808.
Coupé de la métropole, subitement seul, le Mexique créole s'inquiète ; le pouvoir reste aux mains des conservateurs, déchirés par l'ambition, et soudain réconciliés face au péril populaire. En 1810, l'insurrection provoquée par le curé M. Hidalgo, secondé par le curé J. M. Morelos, déborde rapidement ses promoteurs pour devenir une négation millénariste de tous les principes de gouvernement et d'ordre. Rébellion contre toutes les autorités, guerre impitoyable, elle est parfaitement symbolisée par le cri de guerre des insurgés : « Vive la Vierge de Guadalupe ! Meurent les Espagnols ! » Guerre religieuse, guerre sociale, guerre paysanne, guerre indienne, le soulèvement de 1810 est tout cela. La peur, l'instinct de conservation, la volonté de châtier rassemblent Espagnols et créoles, et leur armée peu nombreuse, mais disciplinée et bien commandée par F. M. Calleja, écrase, en 1811, la rébellion. Les chefs les plus illustres des deux camps ternissent leur gloire par la férocité avec laquelle ils versent le sang, massacrent les populations et ravagent le pays. Les insurgés de 1810 poursuivent la guérilla sous le commandement de Morelos, mais succombent devant l'unanimité des créoles épouvantés par cette lutte sociale qui se masque derrière la haine raciale.
En 1821, les créoles choisissent l'indépendance pour ne pas avoir à appliquer la constitution libérale de Cadix, rétablie en Espagne par Riego. Leurs anciens ennemis se rallient et le peuple acclame avec enthousiasme son héros, Agustín de Itúrbide, qui s'était jadis illustré en combattant Morelos et qui proclamait maintenant l'indépendance. En 1822, Itúrbide était sacré empereur, réalisant les vœux de toute la nation, l'Espagne ayant refusé de donner un prince au Mexique.
D'un empire à l'autre (1821-1867)
Les premiers problèmes que devait affronter la jeune nation étaient politiques : libéraux contre conservateurs, fédéralistes contre centralistes, Église contre État ; ces questions divisèrent l'élite créole, ce qui explique l'instabilité politique et le déchaînement des factions sans que soit aucunement affectée la structure économique et sociale héritée de la période coloniale. Le système foncier ne changea pas et la dépendance économique subsista, l'Angleterre, puis les États-Unis, se substituant à l'Espagne. Les ravages des guerres de l'indépendance, en particulier l'anéantissement de l'industrie minière, provoquèrent le déclin économique et, en conséquence, l'effondrement de l'appareil administratif déjà disloqué par le départ des Espagnols. Le manque d'argent obligeait les gouvernements à recourir aux emprunts français et anglais, sources de frictions, de pressions et d'interventions. C'est la misère financière qui a provoqué la chute d'Itúrbide, renversé par la clique militaire et administrative des créoles qu'il ne pouvait satisfaire.
Pendant les trente premières années de son indépendance, le pays fut dirigé par des gouvernements généralement conservateurs, avec de brefs épisodes libéraux (1833-1834). Le personnage principal de cette époque est Antonio López de Santa Anna, démagogue de génie, capable de survivre à toutes les épreuves, même à la défaite militaire et à la perte de plus de la moitié du territoire national, après la sécession du Texas et la désastreuse guerre avec les États-Unis (1846-1848). Indifférent aux alliances politiques, sauveur éternel, appelé par les conservateurs comme par les libéraux, il arbitre entre les factions et, selon les circo [...]
Mexique : formation territoriale
La naissance de la nation mexicaine au XIXe siècle : guerres, insurrections et pertes territoriales.
Crédits : Encyclopædia Universalis France
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Écrit par :
- Jacques BRASSEUL : professeur émérite des Universités en sciences économiques
- Henri ENJALBERT : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Bordeaux
- Roland LABARRE : maître assistant à l'université de Paris-VIII
- Cécile LACHENAL : docteur en droit public, coordinatrice scientifique au Centre de recherche et d'analyse FUNDAR à Mexico
- Jean A. MEYER : attaché de recherche au C.N.R.S.
- Marie-France PRÉVÔT-SCHAPIRA : géographe, professeure émérite à l'université de Paris-VIII, Creda-UMR 7227
- Philippe SIERRA : agrégé de géographie, professeur en classes préparatoires aux lycées Fermat et Saint-Sernin, Toulouse
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Pour citer l’article
Jacques BRASSEUL, Henri ENJALBERT, Roland LABARRE, Cécile LACHENAL, Jean A. MEYER, Marie-France PRÉVÔT-SCHAPIRA, Philippe SIERRA, « MEXIQUE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 27 janvier 2023. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/mexique/