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GUZMÁN MARTÍN LUIS (1887-1976)

Écrivain mexicain. Né à Chihuahua le 6 octobre 1887, Martín Luis Guzmán passe son enfance à Veracruz. Il est étudiant en droit à l'université de Mexico quand éclate la révolution de 1910 contre le régime de Porfirio Díaz, à laquelle il participe activement. Après l'assassinat de F. Madero en 1913, il rejoint Pancho Villa, caudillo des armées du Nord, dont il devient le secrétaire personnel. En 1915, il s'installe en Espagne où il publie un récit politique, La Querella de México. En 1917, à New York, il dirige une revue, El Gráfico. De retour au Mexique, il fonde en 1920 le journal El Mundo. Son séjour aux États-Unis lui inspire un essai, A orillas del Hudson, publié la même année. Il vit en Espagne de 1925 à 1936. Revenu dans sa patrie, il se consacre désormais à la littérature.

Avec Gregorio López y Fuentes (La Tierra, 1933 ; El Indio, 1935) et Rafael Felipe Muñoz (Vámonos con Pancho Villa !, 1931), Guzmán forme le groupe des romanciers de la révolution mexicaine, dont le chef de file est Mariano Azuela (1873-1952). Los de abajo (1916) d'Azuela a été qualifié de « poème épique en prose de la Révolution » ; Guzmán, au contraire, témoignera plus directement des événements.

El Águila y la Serpiente, 1928 (L'Aigle et le Serpent, trad. franç. 1967) est un récit autobiographique de la révolution entre 1913 et 1915. Outre des descriptions, des réflexions, des narrations, ce livre composite contient des portraits hauts en couleur des révolutionnaires (Vasconcelos, Pancho Villa, Carranza, Obregón, Zapata), des relations de faits marquants tels que la Convención de Aguascalientes (1914), de brèves nouvelles centrées sur les chefs militaires ou sur les hommes politiques (« La Hazaña de Rodolfo Fierro », « La Historia del Coronel Ornelas », « El Sueño del compadre Urbina »...). Ce livre des illusions révolutionnaires et du désenchantement propose une analyse impitoyable des protagonistes, ainsi qu'une évocation de péripéties situées dans des lieux évoqués de superbe façon. Le style, alerte, puissant, donne une grande vérité à cette fresque mal équilibrée.

La Sombra del Caudillo, 1929 (L'Ombre du Caudillo, trad. franç. 1959) est un roman satirique et tragique sur la vie politique, principalement sous la présidence du général P. E. Calles (1924-1928). Un enchaînement de scènes rapides et violentes comme des séquences cinématographiques fait défiler les personnages, parmi lesquels se détache Ignacio Aguirre, admirable figure d'homme politique, dont l'analyse psychologique est soigneusement conduite. Mais la dégradation de l'idéal populaire, le retour de la dictature, les pratiques cruelles et sordides des politiciens marquèrent cette période postrévolutionnaire. Le style, incisif et nerveux, concourt à donner à ce théâtre de la cruauté et de la bassesse une intensité dramatique envoûtante.

Avec Memorias de Pancho Villa, Guzmán a voulu rendre enfin un hommage éclatant à la Révolution. L'ensemble contient quatre parties aux titres suggestifs : part. I, El Hombre y sus armas, 1938 ; part. II, Campos de batalla, 1939 ; part. III, Panoramas políticos, 1939 ; part. IV, La Causa del pobre, 1940. Le caudillo mexicain est ici magnifiquement exalté dans sa grandeur de héros national et dans sa vérité psychologique, mélange de ruse et de courage, de naïveté enfantine et d'intuition aiguë du sens de l'histoire. Prenant comme point de départ le soulèvement de Madero, la perspective panoramique se veut à la fois exhaustive et lucide, exacte et véridique.

— Bernard SESÉ

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

Classification

Autres références

  • AMÉRIQUE LATINE - Littérature hispano-américaine

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    • 16 963 mots
    • 7 médias
    ...truculente de Pancho Villa, chef de bande passé au service de la révolution, nourrit les ouvrages très vivants (histoire romancée) de son mémorialiste Martín Luis Guzmán (1887-1976) : El aguila y la serpiente (1928, L’Aigle et le Serpent) ; La sombra del caudillo (1929, L’Ombre du Caudillo)....