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WEREFKIN MARIANNE VON (1860-1938)

Appartenant à une famille de l'aristocratie russe, Marianne von Werefkin est née le 29 août 1860 près de Moscou, dans le palais du gouverneur de Toula. Sa mère était peintre d'icônes. Son père, baron comptant parmi les favoris du tsar, commandait un régiment. Huit ans plus tard, il fut nommé en Lituanie, à Vilna (aujourd'hui Vilnius), et l'enfance de sa fille se déroula dans une riche propriété de la région de Kovno.

Ses dons inhabituels ayant été reconnus, Marianne est inscrite par ses parents, à quatorze ans, dans une école de dessin. Puis, en 1883, elle suit les cours que donne Illarion Mikaïlovitch Prianichnikov, un peintre membre des Ambulants, groupe se réclamant d'un réalisme qui renoue avec le patrimoine populaire. Mais en 1888, à la suite d'un accident de chasse, elle est gravement blessée à la main droite. Il lui faudra une longue rééducation pour qu'elle puisse à nouveau s'en servir, non sans maladresse. Mais son obstination est fructueuse. En 1889, ses parents déménageant à Saint-Pétersbourg, elle devient l'une des élèves d'Ilya Répine, l'un des peintres les plus importants du « réalisme » russe, et ses efforts lui permettent de parvenir à des dessins d'une extraordinaire perfection dans leur fidélité au réel.

En 1891, Marianne van Werefkin noue des relations avec Alexéi Jawlensky, âgé de vingt-sept ans, qui, appelé à accomplir son service militaire à Saint-Pétersbourg, appartient lui aussi au groupe d'élèves privés de Répine. Il exerce sur elle une grande fascination. Quand il est démobilisé, en 1896, elle quitte avec lui la Russie.

Tous deux vont continuer leurs études à Munich, où elle loue un vaste appartement dans le quartier des artistes, à Schwabing. Grâce à l'héritage de son père, transformé en une pension annuelle qu'elle reçoit de Russie, elle peut vivre sans connaître des soucis d'argent. L'un et l'autre fréquentent l'école privée que dirige le peintre Anton Azbé. Ils y rencontrent, en 1897, Wassili Kandinsky. Pour sa part, Marianne von Werefkin se consacre surtout à soutenir Jawlensky, à l'aider à trouver sa voie, en choisissant de demeurer elle-même, en tant qu'artiste, en retrait.

<it>Humeur tragique</it>, M. von Werefkin - crédits : AKG-images

Humeur tragique, M. von Werefkin

Néanmoins, elle ne reste pas inactive. Elle fonde l'association artistique des compagnons de Saint-Luc. En 1902, elle donne naissance à un fils. La vie commune avec Jawlensky lui devient difficile, celui-ci ayant pris pour maîtresse la domestique de quinze ans qu'elle avait amenée avec elle de Russie, et l'ayant rendue enceinte. Physiquement affaiblie, elle effectue plusieurs séjours en France pour s'y reposer. En 1906, elle se remet à peindre. Ses premiers nouveaux tableaux, apparentés, par leur style, au mouvement expressionniste, datent de 1907, à la suite de l'influence qu'a exercée sur elle la peinture par aplats de Paul Gauguin et d'un artiste moins connu, Louis Anquetin, proche de Van Gogh et de Toulouse-Lautrec. Elle adhère à la Sécession de Munich. Désormais, elle n'essaie plus de représenter ce qu'elle voit, mais la vie qui agite l'intérieur de son âme.

À Munich, Marianne von Werefkin tient également salon. Chez elle se retrouve régulièrement une élite d'artistes, de mécènes ou de critiques d'art qui se réclament de l'avant-garde européenne. En compagnie de Jawlensky, de 1908 à 1910, elle fréquente le couple Kandinsky et Gabriele Münter, qui s'est fixé dans le village de Murnau. Dans son appartement est fondée en 1909 la Nouvelle Association des Artistes, enregistrée officiellement auprès des autorités bavaroises le 22 mars, et dont la première exposition, organisée par Kandinsky, a lieu en décembre 1909.

Mais Kandinsky et Franz Marc sont conduits, à la suite de dissensions avec les autres membres, à prendre leurs distances à l'égard[...]

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Lionel RICHARD. WEREFKIN MARIANNE VON (1860-1938) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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<it>Humeur tragique</it>, M. von Werefkin - crédits : AKG-images

Humeur tragique, M. von Werefkin

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