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MOORE MARIANNE (1887-1972)

Le mode mineur

Comme Emily Dickinson, Marianne Moore affectionne le mode mineur, la présentation oblique de son objet. Comme Emily aussi, elle considère que l'acte d'écrire est d'abord nécessité : « On écrit parce qu'on brûle du désir d'objectiver ce dont l'expression est indispensable à son bonheur », une manière aussi de lutter contre l'inertie en offrant « des jardins imaginaires peuplés de vrais crapauds », selon la définition célèbre qu'elle donne de la poésie dans « Poetry ». Pour elle, la pensée est ravissement, enchantement : l'imagination se plaît à saisir les reflets, les vibrations de ses métamorphoses sans pour autant renoncer à sa « régnante certitude » comme le proclame le poème central « The Mind is an enchanting thing ».

L'œuvre de Marianne Moore exige du lecteur une attention soutenue et, pour tout dire, une participation totale : elle procède par bonds, par saccades, par secousses, refusant les transitions. Par le large emploi qu'elle fait de citations intégrées à son texte, Marianne Moore contribue – sans byzantinisme – à sauvegarder la culture menacée. Par sa fidélité à la langue quotidienne, elle opte pour une « écriture directe », c'est-à-dire « une écriture qui n'est ni maniérée, ni trop apprêtée, ni en conflit avec le bon sens ». Enfin, son goût pour la symétrie l'engage à utiliser le système syllabique, à équilibrer ses strophes, à « trouver une série de strophes identiques à la première », à grouper ou fragmenter les espaces sonores selon son thème. Il en résulte une composition toujours originale et cohérente qui exprime bien les deux pôles de son inspiration : rigueur et liberté.

— Laurette VÊZA

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Laurette VÊZA. MOORE MARIANNE (1887-1972) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Marianne Moore - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Marianne Moore

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