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ALVAREZ BRAVO MANUEL (1902-2002)

Lorsqu'il visita le Mexique qu'il qualifia de « pays surréaliste par excellence », André Breton remarqua un photographe de trente-sept ans dont il reconnut immédiatement le talent, Manuel Alvarez Bravo. Au point de publier ses photographies, de les exposer et de les défendre jusqu'à la fin de sa vie. On peut comprendre l'enthousiasme de Breton en voyant la célèbre Bonne Renommée endormie, une jeune femme allongée dont une partie du corps nu est enserrée dans des bandelettes blanches ou d'autres photographies, reflets dans des vitrines, en particulier la célèbre vitrine d'un oculiste à Mexico, datant de la première période du travail de l'auteur. Il serait pourtant très réducteur de n'apprécier que les aspects surréalistes de l'œuvre d'Alvarez Bravo : il est aujourd'hui souvent considéré comme l'un des grands créateurs de la photographie mexicaine moderne.

Un pionnier sur la scène artistique mexicaine des années 1930

Né le 4 février 1902 à Mexico, Manuel Alvarez Bravo étudie jusqu'en 1914 à la Catholic Brothers School de Mexico. Cette solide formation lui permet, dès 1915, de trouver un emploi de fonctionnaire aux Comptes de la nation (ministère de l'Économie), à Mexico où il travaillera jusqu'en 1930. À partir de 1918, il étudie la peinture et la musique à l'Académie nationale des beaux-arts de Mexico. En 1923, il fait la connaissance du photographe documentariste d'origine allemande Hugo Brehme et s'adonne à son tour à la photographie dès l'année suivante. Il fréquente Edward Weston et Tina Modotti, alors installés à Mexico, qui l'initient à la technique du tirage au platine et il adopte la présentation des épreuves contrecollées sur carton du maître américain. Il se lie aux milieux des peintres, des écrivains, des intellectuels et des activistes qui, de Trotski à Frida Kahlo et à Diego Rivera constituent la très dynamique scène artistique de Mexico. Il enseigne la photographie à l'École des beaux-arts San Carlo de Mexico puis, après le départ de Tina Modotti, il devient le photographe des peintres muralistes (Siqueiros, Rivera, Orozco). En 1934, il rencontre à Mexico Henri Cartier-Bresson avec lequel il se lie d'amitié. En 1939, année où il participe à l'exposition surréaliste organisée par André Breton à Mexico, il ouvre une boutique de photographe, en activité jusqu'en 1942. Commence alors pour lui une longue période d'activités liées au cinéma puisque, photographe, cinéaste et enseignant, il est employé par le puissant Sindicato de Tecnicos y Manuales de la Industria Cinematografica où il restera jusqu'en 1959. Il est un ardent défenseur du projet de Cinémathèque nationale qui est aujourd'hui l'une des plus importantes du monde.

En marge de ces activités professionnelles Alvarez Bravo poursuit un travail personnel, essentiellement en noir et blanc. Dans ses photographies alternent des visions poétiques du paysage mexicain, des vues de la capitale, le graphisme caractéristique des cactus et la noble fierté des populations indiennes.

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Classification

Pour citer cet article

Christian CAUJOLLE. ALVAREZ BRAVO MANUEL (1902-2002) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Ouvrier gréviste assassiné, M. Alvarez-Bravo - crédits : F. Delpech/ Frac-collection Aquitaine

Ouvrier gréviste assassiné, M. Alvarez-Bravo

Autres références

  • ITURBIDE GRACIELA (1942- )

    • Écrit par Armelle CANITROT
    • 1 047 mots
    • 1 média

    Le rituel, « c’est ce qui sauve l’homme, l’humanité. C’est la seule façon d’oublier le quotidien », explique Graciela Iturbide dans un entretien avec Fabienne Bradu, réalisé pour l’exposition Heliotropo 37, organisée par A. Fabry et M. Perennès (Fondation Cartier pour l’art contemporain,...

  • PHOTOGRAPHIE (art) - Un art multiple

    • Écrit par Hervé LE GOFF, Jean-Claude LEMAGNY
    • 10 750 mots
    • 21 médias
    ...l'anecdote ou au cliché moral ou social. Ses maîtres plus lointains sont l'Américain Paul Strand et l'Allemand Auguste Sander ainsi que le Mexicain Manuel Alvarez Bravo, inspiré par les tonalités contrastées de son pays. En France, Édouard Boubat symbolise cette tendance (La Survivance, 1976), soulignée...

Voir aussi