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DARSONVAL LYCETTE (1912-1996)

Danseuse française qui fut l'une des interprètes les plus en vue de la « génération Lifar ».

Née à Coutances, dans la Manche, le 12 février 1912, Alice Perron, qui deviendra plus tard Lycette Darsonval, s'installe à Paris avec ses parents, à l'âge de dix ans. Elle est très loin de penser qu'elle sera un jour l'une des plus célèbres danseuses étoiles françaises. Ce qui ne l'empêche pas d'esquisser dans la rue quelques pas de danse, au son d'un orgue de Barbarie. Une passante la remarque et convainc, non sans mal, les parents sceptiques de la faire entrer à l'École de danse de l'Opéra. Inscrite sous le nom d'Alice Leplat, elle y apprend les rudiments du métier avec une certaine Mlle Coat. Plus tard, elle profite des conseils de Carlotta Zambelli, celle que l'on appelle « Mademoiselle » avec tant de déférence. En 1930, elle est engagée dans le corps de ballet, au rang de deuxième quadrille. Elle débute dans Sylvia, un ballet qui marquera plus tard sa carrière, un rôle qui contribuera à sa gloire. Classée première au concours annuel, elle est bientôt nommée coryphée. Pourtant, fantasque, indisciplinée, Alice fait parler d'elle. Dans son livre Les Demoiselles de l'Opéra, publié en 1930, l'écrivain Louis-Léon Martin la décrit ainsi : « Leplat, plus qu'aucune de ses compagnes, possède l'éclat de la scène. Rien en elle de mécanique, rien de volontaire ou de savamment combiné ; avant tout de l'esprit, de l'esprit dans les jambes, dans les pointes, dans la silhouette, de l'esprit aussi sur le visage immédiatement radieux, dans le vivant sourire et les gestes en offrande ! Ah ! comme j'excuse Leplat de ne pas toujours se soumettre à la discipline. Obéit-on passivement quand on est l'élue des fées ? Leplat est marquée par la grâce. Qu'elle cède à ses fantaisies, mais qu'elle demeure fidèle à sa chance ! » Un vœu qui sera exaucé.

La discipline de l'Opéra ennuie la jeune danseuse. Le fait de travailler sous la direction d'un nouveau venu, Serge Lifar, qui ventile pourtant l'air confiné de la maison, ne lui suffit pas. Alice part sur un coup de tête : elle va sillonner l'Afrique pendant des mois. En 1933, elle s'inscrit au concours de danse de Varsovie sous un faux nom, qui deviendra pour toujours le sien : Lycette Darsonval. Mais son désir d'incognito est contrarié par la présence au jury de...Carlotta Zambelli. Qu'importe ! Lycette remporte le premier prix (ex aequo avec une candidate allemande). Serge Lifar la retient pour une tournée aux États-Unis, puis elle rejoint une compagnie russe où elle bénéficie des conseils d'une grande pédagogue, Lioubov Egorova. Pendant deux ans, seule Française de la troupe, elle se produit en tournée à travers l'Europe et jusqu'en Tunisie, interprétant le répertoire classique, des Sylphides au Lac des cygnes.

Jacques Rouché, administrateur de l'Opéra, finit par reprendre la dissidente en 1936, au rang qu'elle occupait à son départ, c'est-à-dire petit sujet. Le 27 mai 1936, Darsonval aborde sur la scène du palais Garnier le rôle culte de toutes les danseuses : Giselle. Quelques mois plus tard, elle est promue première danseuse, en même temps qu'Yvette Chauviré. Elle interprète Elvire d'Albert Aveline (1937), en remplacement de Camille Bos, malade, puis Oriane dans Oriane et le prince d'amour de Serge Lifar (1938). Ce qui ne l'empêche pas de parcourir l'Europe, jusqu'à Riga (Lettonie), où elle interprète Le Lac des cygnes. En 1939, elle inaugure avec Serge Lifar la salle du palais de Chaillot, puis fonde un petit groupe pour animer le théâtre aux armées. Elle reçoit le titre d'étoile en 1940, alors qu'elle se trouve en tournée. De retour à l'Opéra de Paris, elle joue le rôle-titre de [...]

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Jean-Claude DIÉNIS. DARSONVAL LYCETTE (1912-1996) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )