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KÁROLYI LES

Grande famille hongroise qui appartient à l'ordre des magnats et dont les membres siègent à la Chambre haute de la Diète depuis le xviiie siècle. Deux Károlyi ont joué un rôle important dans l'histoire : Alexandre Károlyi (1668-1743), l'un des chefs de la guerre d'indépendance, et Mihaly Károlyi (1875-1955), président du Conseil des ministres en 1918-1919. La famille possédait l'une des plus grandes fortunes foncières du pays (de l'ordre de 50 000 hectares) ; mais, peu favorable aux Habsbourg, elle n'avait jamais obtenu de titre princier. Alexandre, l'un des adjoints de Rákóczi, commande un corps d'armée en Croatie ; pourtant, à partir de 1710, il se rend compte que la guerre avec l'Autriche est sans issue ; le pays, épuisé par la peste et l'effort militaire, est isolé militairement et diplomatiquement. L'alliance française ne fournit plus guère d'aide concrète et l'aide russe promise par Pierre le Grand est tout aussi hypothétique. C'est pourquoi il décide de négocier la paix de compromis à laquelle les Autrichiens sont prêts. C'est lui qui, avec le comte Pálffy (du côté des Habsbourg), prépare la paix de Szatmár, qui reconnaît à la Hongrie une complète autonomie à l'intérieur de la monarchie et garantit à la noblesse des libertés politiques et confessionnelles. Après 1711, Alexandre Károlyi prend du service dans l'armée impériale où il est nommé général.

Un de ses descendants, Mihaly Károlyi, a pris parti d'une manière encore plus nette contre les Habsbourg. Avant 1914, il ne cache pas son hostilité à l'Allemagne du Kaiser, qui est l'alliée privilégiée de François-Joseph. Libéral et francophile, Mihaly Károlyi souhaite un rapprochement avec la France. Pendant la Première Guerre mondiale, il prend courageusement parti pour l'Entente. Aussi, en octobre 1918, est-il nommé président du Conseil par l'empereur Charles au moment où la monarchie s'effondre. Le 31 octobre, il proclame l'indépendance hongroise et, fort de son passé, espère pouvoir traiter avec les Alliés et avec le commandement de l'armée d'Orient. Mais Franchet d'Esperey est très défavorable aux Hongrois et Clemenceau ne s'occupe guère de l'Europe orientale. De facto, la Hongrie est déjà partagée entre les États successeurs (Roumanie, Serbie, Tchécoslovaquie). L'économie du pays est paralysée (on refuse à la Hongrie le charbon de Silésie) et Mihaly Károlyi doit lutter contre l'agitation bolchevique. En mars 1919, découragé, il laisse le gouvernement de la République (proclamée le 16 novembre 1918) à Béla Kun, aux sociaux-démocrates et aux communistes hongrois. Son expérience libérale a été un échec. Il s'exile une première fois, revient en Hongrie en 1945, est ambassadeur à Paris de 1947 à 1949, date à laquelle il rompt avec les communistes. Il vit alors en France jusqu'à sa mort en 1955.

— Jean BÉRENGER

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jean BÉRENGER. KÁROLYI LES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CONSEILS RÉPUBLIQUE DES (1919)

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 747 mots
    • 1 média

    On appelle ainsi l'éphémère république soviétique que connaît la Hongrie d'avril à juillet 1919. Comme en Russie, la révolution bolchevique hongroise est précédée d'une révolution bourgeoise et démocratique qui se substitue à l'Ancien Régime. À Budapest, la révolution...

  • HONGRIE

    • Écrit par Jean BÉRENGER, Lorant CZIGANY, Universalis, Albert GYERGYAI, Pierre KENDE, Edith LHOMEL, Marie-Claude MAUREL, Fridrun RINNER
    • 32 134 mots
    • 19 médias
    ...même de la double monarchie était remis en question par les radicaux ; les partisans de l'indépendance, regroupés autour du fils de Kossuth et du comte Károlyi, triomphèrent aux élections de 1906, mais n'appliquèrent pas leur programme et, au moment de la déclaration de guerre, en 1914, les libéraux étaient...

Voir aussi