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LES FAUX-MONNAYEURS, André Gide Fiche de lecture

André Gide - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

André Gide

André Gide (1869-1951), Prix Nobel de littérature en 1947, et en qui Malraux a vu « le contemporain capital », aura exercé une influence considérable tout au long de l'entre-deux-guerres, notamment sur la jeunesse. À partir des années 1920, Les Nourritures terrestres (1897) furent l'évangile moral, spirituel, esthétique de toute une génération qui découvrit dans l'enseignement de Gide un viatique, un manuel de savoir-vivre et surtout une incitation à se libérer des interdits sociaux et religieux en inventant sa propre éthique.

Du point de vue strictement littéraire, la plasticité de l'esprit gidien s'est reflétée dans la diversité des genres et des registres où il a déployé les facettes de son talent, passant de la poésie symboliste à la prose ironique de Paludes (1895), du théâtre au récit classique (L'Immoraliste, 1902 ; La Porte étroite, 1909 ; La Symphonie pastorale, 1919), tout en rédigeant son journal pendant plus de cinquante ans.

De toutes ses œuvres, Les Faux-Monnayeurs est le seul livre que Gide considérait comme un roman : rédigé entre 1921 et 1925, publié en 1926, il fut dédié à Roger Martin du Gard. La complexité de sa composition ainsi que la subtilité de sa construction « en abyme » (l'introduction du récit dans le récit) en font une œuvre exigeante qui interroge sans cesse le genre romanesque. Œuvre virtuose, Les Faux-Monnayeurs peuvent être lus à la fois comme un roman et comme un traité sur le roman.

Une intrigue foisonnante

L'intrigue des Faux-Monnayeurs est volontairement complexe. Elle s'apparente, selon Gide, à l'Art de la fugue de Bach : les différents éléments du roman s'intègrent les uns aux autres en obéissant à une combinatoire dont le système fonctionne par duplication. Trois adultères, deux duels, et trois suicides sont relatés. Il y a deux romanciers, Édouard et Passavant ; deux grands-pères, le vieil Azaïs et La Pérouse ; deux bâtards, Bernard et l'enfant de Laura.

Bernard Profitendieu, ayant découvert qu'il est un bâtard, quitte le foyer familial, pour se réfugier chez son meilleur ami, Olivier Molinier. En volant à la consigne de la gare Saint-Lazare la valise d'Édouard, écrivain et oncle d'Olivier, il découvre un journal intime dans lequel Édouard révèle son amour pour Laura, maîtresse abandonnée par Vincent, le frère aîné d'Olivier. Vincent a quitté Laura pour Lilian Griffith, que lui a fait rencontrer Passavant, un écrivain à succès, mondain et passablement douteux. Bernard décide d'aider Laura et lui rend visite. Il fait la connaissance d'Édouard qui l'engage comme secrétaire. Passavant propose ensuite à Olivier de diriger une revue littéraire. Enfin, un vieux professeur de piano, La Pérouse, charge Édouard de rechercher son petit-fils, Boris, en Suisse.

Dans la seconde partie du livre, intitulée « Saas Fée », l'action se transporte en Suisse. Bernard, Édouard et Laura parviennent à retrouver Boris qui semble psychiquement très fragile et qu'ils placent dans la pension Vedel-Azaïs, où Bernard est engagé comme surveillant.

La troisième partie du roman justifie le titre, considéré dans son acception littérale de trafic frauduleux et d'équivoque morale, puisque Georges, le jeune frère d'Olivier, manipulé par un anarchiste, Strouvilhou, écoule de la fausse monnaie avec un groupe de camarades.

La fin du roman est encore plus riche en rebondissements. Bernard, repoussé par Laura dont il est tombé amoureux, devient l'amant de sa sœur cadette, Sarah. Après une tentative de suicide d'Olivier Molinier, celui-ci et son oncle Édouard s'avouent mutuellement l'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. Vincent tue sa maîtresse Lilian Griffith avant de sombrer dans la folie. Édouard commence à rédiger son roman intitulé Les Faux-Monnayeurs[...]

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Pour citer cet article

Alain CLERVAL. LES FAUX-MONNAYEURS, André Gide - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

André Gide - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

André Gide

Autres références

  • GIDE ANDRÉ (1869-1951)

    • Écrit par Éric MARTY
    • 3 662 mots
    • 2 médias
    ...libre – qui commet un crime sans motif, comme pour déstabiliser tout à la fois la psychologie du roman traditionnel et le consensus moral de la société. Les Faux-Monnayeurs, plus ambitieux, reprend les grands thèmes gidiens ; mais le livre se caractérise surtout par la technique radicale de la «  mise en...
  • LITTÉRATURE FRANÇAISE DU XXe SIÈCLE

    • Écrit par Dominique RABATÉ
    • 7 278 mots
    • 13 médias
    ...roman-fleuve la théorie de l’art et de l’écriture avec le récit de la vocation de son narrateur. D’une manière proche, Gide incorpore à son seul véritable roman, Les Faux-Monnayeurs (1925), le journal d’Édouard, personnage d’écrivain, et double ce roman déjà réflexif d’un Journal des Faux-Monnayeurs...

Voir aussi