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LA VIE DU BUSCÓN, Francisco de Quevedo y Villegas Fiche de lecture

La Vie de l'aventurier don Pablos de Ségovie, vagabond exemplaire et miroir des filous, tel est le titre de ce roman de Quevedo (1580-1645), couramment désigné simplement par El Buscón, autrement dit « le gueux » ou « le vaurien ». Œuvre de jeunesse, écrit vers 1604, La Vie du Buscón ne fut publiée qu'en 1626. La Vie de Guzmán de Alfarache (1599 et 1604), de Mateo Alemán, avait donné tout son éclat au genre du roman picaresque, dont les prémisses se trouvaient dans La Vie de Lazarillo de Tormes(1554)

Sans les longues digressions morales de Guzmán de Alfarache, loin de l'innocente et cruelle fraîcheur de Lazarillo de Tormes, les mésaventures du pícaro de Quevedo se déroulent dans un univers abject, grotesque et impitoyable, plus propre à écœurer le lecteur qu'à le faire rire devant l'effrayant spectacle de la misère ou de la méchanceté humaine qui s'offre à lui.

Vie d'un fripon

Pablos, comme ses congénères, est d'extraction infâme : un père, barbier de son état, et fieffé voleur, une mère, sorcière et prostituée. Pablos a honte de ces parents fort peu recommandables. Il aura beau vouloir s'élever dans l'échelle sociale, il n'échappera pas à cette hérédité, et sa vie ne sera qu'une succession d'humiliations et de désastres. Il entre au service d'un jeune gentilhomme, don Diego Coronel. Ils sont mis tous deux en pension, à Ségovie, chez le licencié Cabra, dont l'avarice est telle qu'ils y meurent presque de faim. Don Diego poursuit ses études à l'université d'Alcalá, emmenant avec lui, selon l'usage des étudiants riches, son domestique, lui aussi admis comme étudiant pauvre. Pablos, le « nouveau », y est en butte aux moqueries et aux farces grossières des « anciens ». À si bonne école, il décide « d'être fripon, avec les fripons et le plus fripon de tous. »

Après la mort de son père, pendu haut et court, Pablos revient à Ségovie pour y recueillir un maigre héritage. De là, il part pour Madrid. Il y fréquente les hidalgos tombés dans la misère et se fait jeter par deux fois au cachot. Libéré, il veut faire un beau mariage : sous un faux nom, il séduit une demoiselle, qui se trouve être apparentée à Don Diego, son ancien maître ; celui-ci le démasque et lui fait payer cher sa supercherie. Par la suite, Pablos s'engage dans une troupe de comédiens ambulants. Après avoir joué la comédie il devient poète, puis galant de nonnes. Le voici à Séville, où il se lie avec des truands. Pour fuir la malchance, il décide de partir pour les Indes, en compagnie d'une fille de joie, afin de voir si son sort « s'améliorerait en changeant de monde et de pays. Il n'en fut rien, bien au contraire, comme vous verrez dans la Deuxième Partie, car l'homme qui ne change que de place, et non de vie et de mœurs, n'améliore jamais sa condition. » Il n'y eut pas de suite au roman.

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

Classification

Pour citer cet article

Bernard SESÉ. LA VIE DU BUSCÓN, Francisco de Quevedo y Villegas - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • QUEVEDO Y VILLEGAS FRANCISCO GÓMEZ DE (1580-1645)

    • Écrit par Michèle GENDREAU-MASSALOUX
    • 1 297 mots
    Un roman picaresque, La Vie de l'aventurier Don Pablo de Ségovie, vagabond exemplaire et miroir des filous (El Buscón, 1626), dresse un tableau de cette société malade, en une suite d'épisodes où le héros subit toutes les épreuves du monde, se heurte à la méchanceté et au vice et, sans jamais parvenir...

Voir aussi