Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MANN KLAUS (1906-1949)

Le 18 novembre 1906, à Munich, Katia, l'épouse de Thomas Mann, met au monde leur premier enfant : c'est un fils, qui se prénomme Klaus. Après avoir abandonné ses études sans avoir obtenu aucun diplôme, il va briguer, dès l'âge de dix-sept ans, le titre d'écrivain, à l'instar de son père et de son oncle Heinrich, dont il sera très proche.

De 1924 à 1929, Klaus Mann, installé à Berlin, écrit principalement des nouvelles, ainsi que quelques pièces de théâtre. Les critiques allemands acceptent de voir en lui autre chose que le rejeton de Thomas Mann quand il publie en 1926 Le Cinquième Enfant. Il y raconte comment une veuve d'un peu plus de trente ans, mère de quatre enfants, est fascinée par un jeune homme de passage et se retrouve enceinte.

C'est en 1926 aussi que paraît son premier roman, La Danse pieuse. Bravant le scandale, l'écrivain met en place à traver le personnage du jeune Andreas, qui n'est que son double, une thématique qui le concerne personnellement : l'homosexualité.

Au côté de sa sœur Erika, à laquelle il voue un attachement extrêmement fort, Klaus Mann a participé à la vie artistique du Berlin de la République de Weimar. En 1933, Erika ouvre à Munich un cabaret, Le Moulin à poivre, qui est transféré en Suisse lors de la venue au pouvoir des nazis. Quant à Klaus, il quitte l'Allemagne le 13 mars, à destination de Paris. Ensuite, sillonnant l'Europe, il va s'absorber physiquement et intellectuellement dans une activité militante contre le national-socialisme. En septembre 1933, il fonde à Amsterdam une revue qui prône l'union de toutes les forces antifascistes, Die Sammlung.

Malgré tout, il parvient à terminer un autre roman à la mi-avril 1934, Fuite au Nord, qui traite de l'émigration et du combat contre le IIIe Reich. D'autres suivent, avec les mêmes préoccupations. Méphisto (1936) décrit la carrière d'un acteur arriviste (en partie inspiré de Gustaf Gründgens, qui fut un temps le mari d'Erika) qui, par lâcheté et par ambition, se met au service de Gœbbels et de Gœring. Le Volcan (1939) retrace à la manière d'une chronique la vie des émigrés à Paris jusqu'à la veille de la guerre.

Mal de vivre, marginalité, fatalité ou non de l'échec : tels sont les thèmes qui obsèdent Klaus Mann. S'il excelle particulièrement à traduire, de l'intérieur même, la misère morale et les angoisses de ses personnages, c'est qu'il transpose littérairement en eux beaucoup d'éléments autobiographiques.

Dans le Journal qu'il a tenu de 1937 à 1949 transparaît plus nettement encore le malaise qui imprègne ses romans et ses nouvelles. C'est que Klaus Mann éprouve un conflit de plus en plus douloureux entre ses aspirations personnelles et la volonté de contribuer à sauver une humanité en danger de mort. Bien qu'il soit drogué, de tendance suicidaire, et qu'il se débatte difficilement avec son homosexualité, il ne peut accepter de renoncer à la lutte par ses écrits, en accumulant reportages et articles polémiques contre tous les fascismes.

Le 17 septembre 1938, il embarque pour New York, où il arrive le 25 septembre, retrouvant bientôt ses parents à Princeton. Cinq ans après, il devient citoyen américain. Il est alors, comme il le souhaitait, incorporé dans l'armée. Avec un transport de troupes, il est largué le 2 janvier 1944 sur Casablanca, et participe à la libération de l'Afrique du Nord puis de l'Italie. Intégré à une unité spéciale d'action psychologique, il est envoyé en Allemagne, le 5 mai 1945, pour des reportages dans le magazine de l'armée américaine en Europe. Sa démobilisation intervient le 28 septembre 1945. Alors, il renoue avec des projets littéraires. Il envisage notamment de publier en allemand l'autobiographie qu'il a publiée en 1942 en anglais, [...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Lionel RICHARD. MANN KLAUS (1906-1949) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SCHWARZENBACH ANNEMARIE (1908-1942)

    • Écrit par Nicole BARY
    • 1 052 mots

    « Ange inconsolable » (Roger Martin du Gard), « ange dévasté » (Thomas Mann), Annemarie Schwarzenbach reste indissociablement liée, pour la postérité, au portrait réalisé par la photographe Marianne Breslauer (1932) et au roman d' Ella Maillart, La Voie cruelle (1947), dont elle est...

Voir aussi