Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

KAUNDA KENNETH (1924-2021)

Président de la République de Zambie de 1964 à 1991.

Libération de Kenneth Kaunda, 1998 - crédits : Odd Andersen/ AFP

Libération de Kenneth Kaunda, 1998

Né le 28 avril 1924 à Lubwa, près de Chinsali (Rhodésie du Nord, auj. Zambie), au sein de la classe moyenne noire de la Zambie coloniale, Kenneth David Kaunda devient en 1949 interprète et conseiller en affaires africaines auprès de Stewart Gore-Browne, un colon blanc libéral membre du corps législatif de Rhodésie du Nord. Kaunda rejoint la même année le Congrès national africain (African National Congress, ANC), première grande organisation anticoloniale de Rhodésie du Nord, et en devient le secrétaire général au début des années 1950. Lors d'une querelle interne en 1958-1959, Kaunda quitte l'ANC pour former le Congrès national africain de Zambie, emmenant à sa suite une grande partie des cadres de l'organisation.

Président de la nouvelle entité, Kaunda s'oppose par la désobéissance civile à la Fédération d'Afrique centrale créée en 1953 et regroupant les trois colonies (Rhodésie du Sud, Rhodésie du Nord, Nyassaland), constatant que l'autorité revient à une minorité de Blancs. Le gouvernement britannique finira par renoncer à la Fédération, dont la dissolution sera prononcée en 1963. Kaunda est néanmoins emprisonné, avec d'autres militants, devenant ainsi un héros national et le chef de file du mouvement indépendantiste naissant.

Libéré le 8 janvier 1960, Kaunda est bientôt élu président du Parti uni de l'indépendance nationale (United National Independence Party, UNIP), formé quelques mois plus tôt. L'UNIP voit alors ses rangs grossir rapidement et compte 300 000 membres dès le mois de juin. En décembre, les autorités coloniales invitent Kaunda et plusieurs autres dirigeants de l'UNIP à participer aux discussions sur le statut des trois colonies à Londres. Au début de 1961, le gouvernement britannique annonce que la décolonisation officielle de la Zambie va commencer.

Les premières grandes élections qui conduiront à la décolonisation complète ont lieu en octobre 1962. Malgré le nombre de voix disproportionné dont bénéficient les colons européens de Rhodésie du Nord, les deux grands partis africains (UNIP et ANC) remportent la majorité des suffrages. L'UNIP arrive en tête, enlevant 15 des 37 sièges du nouveau conseil législatif.

Le succès de l'UNIP est largement attribué à Kaunda. Ce dernier a su habilement utiliser la crainte des colons qu'un régime africain méprise leurs intérêts tout en étouffant les factions prévalant dans de vastes sections de la population africaine. Il réussit de même à négocier de nouvelles avancées constitutionnelles et, en 1964, devient président de la République indépendante de Zambie.

Kaunda doit affronter les problèmes surgissant après l'indépendance, comme la question du tribalisme. Par la négociation, il parvient à éviter la guerre civile. Les différents partis se livrent néanmoins une véritable guerre politique pendant les élections de 1968, qui confirment Kaunda et son parti au pouvoir. Pour éviter toute difficulté ultérieure, Kaunda impose un parti unique en 1972 et introduit en 1973 une nouvelle Constitution garantissant l'autorité incontestée de l'UNIP.

Dans les années 1970, le gouvernement de Kaunda investit considérablement dans le secteur minier, en particulier dans l'extraction du cuivre. Il néglige cependant l'agriculture, même s'il dépense des sommes croissantes pour nourrir la population urbaine pauvre. Le pays voit sa production agricole chuter et devient de plus en plus dépendant de ses exportations de cuivre ainsi que des prêts étrangers et de l'aide internationale. À partir des années 1970, ces politiques appauvrissent progressivement la Zambie, qui connaît une hausse du chômage, une baisse constante du niveau de vie et une dégradation de l'éducation et des services sociaux. En politique étrangère, Kaunda amène d'autres nations d'Afrique méridionale[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. KAUNDA KENNETH (1924-2021) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Libération de Kenneth Kaunda, 1998 - crédits : Odd Andersen/ AFP

Libération de Kenneth Kaunda, 1998

Autres références

  • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

    • Écrit par Marc MICHEL
    • 12 424 mots
    • 24 médias
    ...contre la fédération, tandis qu'en Rhodésie du Nord un mouvement de dissidence politique radical se développait sous la conduite d'un leader plus jeune, Kenneth Kaunda. En février-mars 1959, les graves troubles au Nyassaland obligèrent le gouverneur Armitage à proclamer l'état d'urgence, tandis que Welensky,...
  • CHILUBA FREDERICK (1943-2011)

    • Écrit par Universalis, Melinda C. SHEPHERD
    • 351 mots

    Président de la république de Zambie de 1991 à 2002, Frederick Chiluba remporta la première élection présidentielle multipartite du pays, mettant ainsi un terme au régime du parti unique de Kenneth Kaunda en place depuis vingt-sept ans. Frederick Chiluba fut également considéré comme un réformateur,...

  • ZAMBIE

    • Écrit par Charles CADOUX, Universalis
    • 4 186 mots
    • 5 médias
    ...minoritaires européens, au moment où se crée la Fédération des Rhodésies et du Nyassaland, dont la colonie suivra les avatars de 1953 à 1963. C'est l'époque où Kenneth Kaunda, disciple de Gandhi, apparaît sur la scène politique, alors dominée par le Congrès national africain (A.N.C., African National Congress),...

Voir aussi