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KALḤU

Kaleh ou Kélah (assyrien Kalhu, hébreu Kālah), aujourd'hui Nimrud, est l'une des quatre villes, avec Ninive, Rehoboth-‘ir et Résen, que, selon le livre de la Genèse (x, 11), Nemrod aurait bâties au pays d'Aššur.

Les peuples vaincus apportent leur tribut au roi assyrien Salmanasar III - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Les peuples vaincus apportent leur tribut au roi assyrien Salmanasar III

La tradition scripturaire qui relègue la fondation de Kalhu aux origines mêmes de l'histoire assyrienne n'est pas confirmée par les données historiques objectives. C'est Salmanazar Ier (~ 1274-~ 1245) qui la fonde réellement sur la rive orientale du Tigre à une trentaine de kilomètres au sud de la moderne Mosul et de Ninive-Kuyundjik, près de l'embouchure du grand Zab. Kalhu semble avoir connu ensuite une période d'obscurité. Tukulti-Ninurta Ier (~ 1244-~ 1208), au terme de sa campagne victorieuse contre le roi de Babylone, Kaštiliaš, en ~ 1235, installe à Kalhu des Babyloniens déportés. Kalhu ne retrouve vraiment un nouvel éclat qu'avec Aššurnasirpal II (~ 884-~ 858) qui la choisit pour sa résidence et la rebâtit pratiquement de fond en comble. Il l'entoure d'une imposante enceinte, renforcée de très nombreuses tours. Les vestiges de cinquante-huit d'entre elles ont été retrouvés rien que pour la partie septentrionale des remparts. Le roi embellit aussi sa capitale par la construction de temples et de palais. Un canal creusé à travers le rocher amène l'eau du grand Zab jusqu'au cœur de la ville. Tout au long de ses rives se succèdent vergers et vignobles. La plus belle construction d'Aššurnasirpal II est son palais royal, dit palais du Nord-Ouest, orné de magnifiques bas-reliefs où le roi est représenté exerçant les fonctions religieuses ou guerrières inhérentes à sa charge. Les travaux de Kalhu sont poursuivis par Salmanazar III (~ 858-~ 824), fils et successeur d'Aššurnasirpal. Il construit le palais dit palais central, où l'on a retrouvé le fameux « obélisque noir » qui est important pour la chronologie de l'Ancien Testament : le texte décrit, en effet, le tribut que le roi d'Israël, Jehu, fils d'Omri, paie à Salmanazar III en ~ 842. Téglathphalasar III (~ 744-~ 727) habita le palais de Salmanazar III, mais Asarhaddon (~ 680-~ 669) en utilisa les matériaux pour édifier le palais du Sud-Ouest. Un autre palais fut commencé au sud-est par Assur-etel-ilani (vers ~ 626-~ 623) qui n'eut pas le temps de l'achever.

Tous ces palais ainsi que les temples d'Ištar, de Nabu, de Ninurta avec la ziggurat consacrée au même dieu se dressent alors sur une vaste esplanade qui, située dans l'angle sud-ouest de l'enceinte fortifiée, domine la ville basse et exhausse le domaine divin et royal au-dessus du niveau de la commune humanité. Kalhu, qui a succédé à Aššur comme capitale du royaume assyrien, est elle-même éclipsée par Khorsabad-Dur-Šarrukin fondée par le premier des Sargonides, Sargon II (~ 721-~ 705), qui ne peut l'achever. À partir de Sennacherib (~ 705-~ 681) et jusqu'à la fin de l'Assyrie, la capitale du royaume est transférée à Ninive. Kalhu est entraînée dans la ruine du royaume assyrien. Elle est mise à sac et détruite par les Néo-Babyloniens de Nabopolasar (~ 625-~ 605). Elle n'est plus mentionnée ensuite.

La gloire d'avoir mené les premières fouilles sur le tell de Nimrud revient à sir A. H. Layard (1845-1857). Son œuvre fut poursuivie par H. Kassam, W. H. Loftus et Mallowan. Les merveilles de l'art de Kalhu, sculptures et ivoires, sont conservées au British Museum.

— Valentin NIKIPROWETZKY

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Valentin NIKIPROWETZKY. KALḤU [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Les peuples vaincus apportent leur tribut au roi assyrien Salmanasar III - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Les peuples vaincus apportent leur tribut au roi assyrien Salmanasar III

Autres références

  • ASSYRIE

    • Écrit par Guillaume CARDASCIA, Gilbert LAFFORGUE
    • 9 694 mots
    • 6 médias
    ...orgueilleux des souverains sumériens ou akkadiens. À l'imitation de son père, Shoulman-asharédou, qui s'était fait construire une capitale personnelle sur le site de Kalhou (actuelle Nimroud), il édifie une ville royale, Quai de Toukoulti-Ninourta, face à Assour de l'autre côté du Tigre. Son règne finit...
  • ORIGINES DE L'URBANISME AU PROCHE-ORIENT

    • Écrit par Jean-Claude MARGUERON
    • 7 304 mots
    • 15 médias
    ...édifices étaient érigés dans le même secteur de la ville, la structure de celle-ci n'a pas été modifiée par cette frénésie architecturale ; toutefois, à Nimrud (Irak), Salmanasar III construisit en limite de la ville un immense fort militaire qui pouvait aussi servir de résidence au roi et donc de centre...
  • SARGON II ou SHARROU-KEN, roi d'Assyrie (721-705 av. J.-C.)

    • Écrit par Universalis, Jorgen LAESSOE
    • 929 mots

    Sargon est la transcription hébraïque de l'assyrien Sharrou-ken, nom de règne signifiant « roi légitime » (Isaïe xx, 1). Ce nom fut probablement choisi en mémoire de deux anciens rois d'Assyrie, en particulier Sargon d'Akkad dit l'Ancien.

    L'ascendance de Sargon II est partiellement...

Voir aussi