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WILBYE JOHN (1574-1638)

Aux yeux d'E. H. Fellowes, John Wilbye est « le plus grand des madrigalistes anglais » et, même si l'on juge un peu trop élogieuse une telle appréciation, on peut affirmer sans risque d'erreur qu'il est l'un des plus grands d'entre eux. Sans doute est-ce bien là, d'ailleurs, que réside sa gloire, car le peu qu'il a pu écrire de musique instrumentale reste négligeable, tandis que, de sa production de musique sacrée, se détachent quelques rares pièces telles que O God the Will of my Whole Strength et sa contribution au recueil de Leighton, The Tears or Lamentations of a Sorrowful Soule (1614), toutes deux, il est vrai, empreintes d'expressive beauté. Dans le domaine du madrigal, d'ailleurs, il s'avère l'un des moins prolifiques de ses pairs, avec seulement deux recueils, l'un de 1598, l'autre de 1609, soit en tout soixante-quatre pièces, qui lui suffisent pour égaler et parfois même dépasser tout ce qui a pu être écrit dans le genre. Les morceaux d'inspiration légère — où l'on décèle l'influence de Morley — sont sans doute les plus connus, tels Flora Gave me Fairest Flowers, Lady when I Behold, Sweet Honey-Sucking Bees, Fly not so Swift, etc. Mais sa prédilection va aux évocations graves et mélancoliques, qu'on trouve par exemple dans I Always Beg, Of Joys and Pleasing Pains, Ah ! Cannot Sighs, Draw on, Sweet Night, et bien d'autres encore, où, faisant appel à toutes les ressources d'une technique souveraine et d'une imagination riche et sensible, Wilbye se montre sans rival pour épouser les plus subtiles intentions d'un texte et magnifier par la musique les moindres suggestions de la poésie.

Certes, on ne peut que regretter la minceur relative d'une production que l'on voudrait plus abondante, surtout lorsque l'on sait qu'ayant mis son talent dès au moins 1598 au service de sir Thomas Kytson et de sa famille, Wilbye n'eut point d'autre ambition après la mort de ses bienfaiteurs que de se livrer en solitaire à l'élevage des moutons dans la ferme qu'ils lui avaient léguée par donation, tout près de Colchester. C'est là que se trouve sa tombe, dans l'église de la Trinité, loin du bruit et de l'agitation du monde. Telle quelle, malgré tout, cette œuvre le place au premier rang des madrigalistes élisabéthains et fait de lui l'un des musiciens anglais les plus prestigieux de son temps.

— Jacques MICHON

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, professeur à l'université de Rouen, musicologue, chef d'orchestre

Classification

Pour citer cet article

Jacques MICHON. WILBYE JOHN (1574-1638) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Musique

    • Écrit par Universalis, Jacques MICHON
    • 6 879 mots
    • 8 médias
    ...Tomkins (1572-1656) enrichissent à leur tour, quoique de façon plus modeste, cette double production, tandis que Thomas Weelkes (1576 env.-1623) et John Wilbye (Willoughbye, 1574-1638) doivent à des textes anglais le meilleur de leur inspiration. Par ailleurs, si des musiciens comme Thomas Bateson...

Voir aussi