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ROGERS JIMMY (1924-1997)

Né le 3 juin 1924 à Ruleville, dans le Mississippi, et venu à Chicago au début des années 1940 via Atlanta et Saint Louis, Jimmy Rogers (de son véritable nom James A. Lane) commence à jouer de la guitare et de l'harmonica sur le marché aux puces de Maxwell Street, véritable creuset du nouveau Chicago blues. Memphis Minnie l'embauche pour jouer derrière elle et il forme avec Little Walter un duo qui enregistre dès 1947. Le duo devient trio lorsque Muddy Waters se joint à eux. Rogers est alors présent comme second guitariste, discret et efficace, dans tous les disques de Muddy. En 1950, il grave sous son nom deux titres (That's All Right et Ludella) qui se vendent substantiellement à Chicago et dans le Sud. Avec l'harmonica de Little Walter et la contrebasse de Big Crawford, l'atmosphère est immanquablement terrienne mais en même temps, et contrairement à Muddy Waters, qui prolonge l'œuvre des grands bluesmen du Delta, il y a quelque chose de plus policé dans le blues très décontracté de Rogers.

Jimmy Rogers devient une petite vedette et enregistre pour le label Chess une des œuvres les plus importantes du Chicago blues des années 1950 : The World Is In A Tangle, Money, Marbles And Chalk, Back Door Friend, Chicago Bound ou Sloppy Drunk marient à merveille l'urgence vitale de ses contemporains avec l'insouciance rouée des bluesmen de la génération précédente. À partir de 1957, sous l'impulsion du producteur Willie Dixon, la musique de Rogers devient nettement plus commerciale, emprunte au rock'n'roll et aux variétés. Accompagné de brillants musiciens (l'harmoniciste Big Walter Horton, les guitaristes Mighty Joe Young et Buddy Guy), Rogers n'en continue pas moins de graver des chefs-d'œuvre comme Walking By Myself, One Kiss, What Have I Done, Rock This House... Mais le succès commercial n'est malheureusement pas au rendez-vous.

Après 1960, Jimmy ne peut plus vivre de sa musique. Il devient chauffeur de taxi, achète un petit magasins de vêtements dans le West Side. Encouragé par le pianiste Bob Riedy et conscient de la nouvelle popularité du blues dans l'Amérique blanche et en Europe, Rogers reprend sa guitare. Il enregistre plusieurs beaux albums (notamment Chicago's Jimmy Rogers Sings the Blues, en compagnie de Freddy King) et apparaît de plus en plus comme le survivant de l'âge d'or du Chicago blues, un modèle pour les musiciens blancs de rock ou de blues qui se bousculent pour lui rendre hommage et jouer avec lui : Leon Russell, Kim Wilson, Rod Piazza, Eric Clapton...

Dans ses concerts, Rogers apparaît toujours à son avantage. Son authenticité, ce sourire sérieux dont il ne se départ jamais et son passé qui semble surgir de chacune des notes de sa guitare, de chaque inflexion de sa voix chaude, l'imposent partout. Son œuvre des années 1950 est intégralement disponible sur le double album Jimmy Rogers : The Complete Chess Recordings (MCA-Chess).

— Gérard HERZHAFT

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Gérard HERZHAFT. ROGERS JIMMY (1924-1997) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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