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POIRET JEAN (1926-1992)

Les grands humoristes donnent l'impression de ne rien prendre au sérieux... Tel fut Jean Poiret, acteur, auteur, metteur en scène. Cachant, sous la malice de son regard et de son sourire, une gravité qui n'appartient qu'aux gens sensibles et intelligents, fuyant la prétention comme la peste, Poiret « se contentait » de faire rire, et se refusait à sonder trop profondément la démarche de l'humoriste : « À partir du moment où l'on commence à analyser le rire, on devient un mandarin. Le rire n'est pas quelque chose que l'on peut expliquer.

Jean Poiret (de son vrai nom Jean Poiré) est né à Paris en 1926. Enfant, il était fasciné par ce qu'il appela plus tard « le côté fastueux des enterrements », « les dais noirs tendus sur les frontons des églises »... Adolescent, à quinze ans, il annonce à ses parents, de condition modeste, qu'il a trouvé sa voie – le théâtre –, et s'inscrit au cours d'art dramatique de la rue Blanche.

La suite est connue. Après la guerre, ce sont les débuts au cabaret. Poiret écrit ses propres sketches, imite les hommes politiques du moment, devient ce qu'on appelle alors un chansonnier-interprète, et rencontre Michel Serrault, avec lequel il va former un duo pendant de nombreuses années. C'est d'ailleurs dans ce contexte de comique prétendument « facile » que Sacha Guitry remarque Poiret et Serrault, et leur offre la vedette de son film Assassins et voleurs (1957). François Truffaut, alors critique à l'hebdomadaire Arts, écrit quelques lignes très élogieuses sur Poiret : « Sa démarche, ses sourires entendus, son allure d'homme à femmes voluptueux et ricaneur, cette nuance de parodie dans le regard, cette aisance suprême, cette désinvolture insolente, cette intelligence de tous les instants font de lui l'acteur le plus juste actuellement... »

Le tandem Poiret-Serrault est lancé, en route vers la gloire, multipliant les films – bons et moins bons. Le duo connaîtra son sommet en 1973, dans la première grande pièce à succès de Jean Poiret en tant qu'auteur : La Cage aux folles, qu'ils joueront deux mille six cent quarante-sept fois au théâtre du Palais-Royal, et qui fera l'objet d'une adaptation au cinéma en 1978, dans une mise en scène d'Edouard Molinaro. Suivront d'autres pièces : Joyeuses Pâques (1980), Les Clients (1986).

Jean Poiret a su imposer son personnage dans plusieurs films de qualité : Un drôle de paroissien (1963) et La Grande Lessive (1968) de Jean-Pierre Mocky, Le Dernier Métro (1980) de François Truffaut, Poulet au vinaigre (1986) de Claude Chabrol. Il meurt peu après le tournage de son premier film en tant que réalisateur : Le Zèbre (1992), d'après le roman d'Alexandre Jardin. Ce film met en scène un notaire d'une quarantaine d'années (Thierry Lhermitte) qui, avec une grande pureté, veut garder intact l'amour qu'il éprouve pour sa femme (Caroline Cellier).

— Georges COHEN

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Pour citer cet article

Georges COHEN. POIRET JEAN (1926-1992) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SERRAULT MICHEL (1928-2007)

    • Écrit par Raymond CHIRAT
    • 1 035 mots

    « Je veux faire rire, donner du bonheur, offrir des émotions. » En appliquant scrupuleusement ce credo artistique, Michel Serrault atteignit les sommets d'une vocation décelée tôt et vouée aux multiples facettes du spectacle. Il naît à Brunoy le 24 janvier 1928, dans une famille modeste et unie, croyante...

Voir aussi