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SCHELANDRE JEAN DE (1584-1635)

Poète et dramaturge français. Né d'une famille de noblesse militaire et calviniste, Schelandre fait ses premières armes en Hollande, en même temps qu'il compose ses premiers vers (en particulier des pièces célébrant Maurice de Nassau). Il consacre des loisirs forcés (notamment à Avignon) à la littérature et devient poète de salon et de circonstance. En 1608, il est en Angleterre : il y dédie à Jacques Ier son premier volume (publié sous le pseudonyme-anagramme de Daniel d'Anchères, qu'on prendra longtemps pour le véritable nom de l'auteur), qui comprend des pièces lyriques et surtout une tragédie en cinq actes, Tyr et Sidon ou les Funestes Amours de Belcar et Méliane. Il lui dédie également Les Trois Premiers des sept tableaux de pénitence tirés de la sainte Escripture et Les Deux Premiers Livres de la Stuartide en l'honneur de la très illustre maison des Stuarts (il achèvera plus tard ces deux poèmes épiques, mais seule la partie « anglaise » en a été conservée). Rentré en France en 1611, il poursuit sa double carrière : « Faisant profession des lettres et des armes [...] il sçait les employer chacune en sa saison » (Ogier). Partiellement gagné à la réforme de Malherbe dont l'influence se ferait sentir dans ses dernières œuvres, il remanie Tyr et Sidon dont il tâche d'adoucir la rudesse, mais dont en même temps il fait une tragi-comédie en deux journées et dix actes fort mêlée et très irrégulière. Longtemps on ne connaîtra que cette seconde version, de vingt ans postérieure à la première, et on ne considérera Schelandre que comme un brillant imitateur d'Alexandre Hardy — alors que sa tragédie de jeunesse, respectueuse des unités (auxquelles est sacrifiée la vraisemblance) et en même temps romanesque et oratoire, pleine de vigueur et de mouvement, permet de le replacer à la fois dans la tradition classique et dans une lignée qui va de Garnier à Théophile. « Ses vers, dit son ami Colletet, n'ont pas véritablement toute la délicatesse de son siècle, mais ils ont en récompense toute la force du siècle précédent, et comme il n'aimait que les choses mâles et vigoureuses, ses pensées l'étaient aussi » : un homme de transition donc. Le poète-soldat servira encore sous Turenne, puis en Allemagne sous le cardinal de La Vallette. Il mourra des blessures reçues lors de cette dernière campagne.

— Bernard CROQUETTE

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Paris-VII

Classification

Pour citer cet article

Bernard CROQUETTE. SCHELANDRE JEAN DE (1584-1635) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • TRAGÉDIE

    • Écrit par Bernard DORT, Jacques MOREL, Jean-Pierre VERNANT
    • 5 375 mots
    • 2 médias
    ...plus du tragique que l'apparence, et où les craintes des spectateurs étaient vite surmontées par la satisfaction de l'issue heureuse. Quand, en 1628, Jean de Schelandre reprenait la sombre tragédie qu'il avait donnée en 1608 pour en faire une tragi-comédie, il avait conscience d'aller dans le sens de...

Voir aussi