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MAILLY JEAN DE (1911-1975)

L'architecte et urbaniste Jean de Mailly a laissé une œuvre considérable, caractéristique des tendances dominantes – chez les architectes qui ont eu la possibilité de mettre en œuvre leurs théories – de l'architecture française des années 1950 et 1960. Jean de Mailly est un produit typique et brillant de la tradition architecturale de l'École des beaux-arts de Paris. Premier grand prix de Rome en 1945, il a reçu de nombreuses commandes de l'État et des collectivités locales. Son art affirme sa modernité par l'ampleur du dessein ; il est comme une célébration de la civilisation mécanicienne. Il construisait pour un monde qui aurait résolument renoncé aux préoccupations individuelles étriquées. Grâce aux immenses besoins de la reconstruction d'après guerre, il a pu donner libre cours à son goût pour une architecture fonctionnaliste empreinte d'une grandeur sévère, architecture très controversée actuellement parce qu'elle engendre un habitat inhumain.

Jean de Mailly, né en 1911 à Paris d'un père architecte, a été élevé dans le sérail. Mais lui-même a manifesté très tôt un penchant pour le spectacle ; il voulait être metteur en scène de cinéma. Prisonnier dans un stalag, il y organise des « ballets ». Il y avait en lui un goût de la fête grandiose, de la transfiguration du quotidien. Aussi, parallèlement à son intense activité d'architecte, se fait-il volontiers l'ordonnateur de cérémonies officielles : il a organisé les fêtes du 14-Juillet place de la Concorde et, en septembre 1958, planté place de la République le décor où le général de Gaulle allait prononcer un discours important.

Jean de Mailly a été chargé des travaux les plus divers et a rempli les fonctions les plus prestigieuses de sa profession. Il est nommé architecte en chef des Bâtiments civils et des palais nationaux (1948), architecte conseil du ministère des Postes et Télécommunications (1951), du ministère de la Construction (1955), de l'Électricité de France (1956), architecte en chef conservateur du Palais de Chaillot en 1963, architecte des Z.U.P. de Beauvais et Lens en 1967. Enfin, il entre à l'Institut (Académie des beaux-arts) en 1968. On doit à Jean de Mailly la reconstruction du port et de l'hôtel de ville de Toulon, ainsi que de grands travaux à La Seyne-sur-Mer. Il a construit le barrage de Serre-Ponçon. Mais son principal titre de gloire, le plus contesté aussi, est la part prééminente qu'il prit à la réalisation de l'ensemble de la Défense. En tant que responsable du premier plan, il construit la première tour de la région parisienne, sans doute la plus originale, la tour Nobel. Auparavant, il lui avait été confié, en 1952, en collaboration avec Robert Camelot et Bernard Zehrfuss, la construction du « plus grand palais de la mécanique du monde », le Centre national des industries et des techniques (C.N.I.T.) au rond-point de la Défense. Les trois architectes construisent alors la plus grande voûte de béton précontraint jamais réalisée.

Les louanges qui accueillent la performance technique que représentaient le C.N.I.T. et la tour Nobel sont à l'origine de la prolifération des grands immeubles verticaux aux lignes sobres qui, dix ans plus tard, allaient être mis en accusation. Ceux de Jean de Mailly se caractérisent par une pureté de forme un peu froide. L'architecte a construit aussi de très nombreux immeubles de bureaux et d'habitation, ainsi que le central téléphonique de Boulogne-sur-Seine, en voie d'achèvement quand il mourut à Paris.

Jean de Mailly était également peintre, par goût de la recherche plastique. Il se cantonnait dans la peinture monumentale. Il avait exposé ses peintures à l'aéroport d'Orly en 1973.

— Raymond MORINEAU

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Écrit par

  • : journaliste, ancien maître de conférences à l'université d'Alexandrie

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Raymond MORINEAU. MAILLY JEAN DE (1911-1975) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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