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JARAÏ

Le pays jaraï est situé sur le plateau de Darlac dans le sud du Vietnam ; Pleiku en est la ville principale. S'étendant à l'intérieur du Cambodge à l'ouest, il est contigu au pays rhadé au sud. La langue jaraï, parlée par 325 000 personnes, fait partie du groupe linguistique malayo-polynésien. On peut diviser l'ethnie jaraï en plusieurs sous-groupes : Habau, Hodung, Sesau, Chu Ty et Plei Ky. Les maisons jaraï sont orientées selon l'axe nord-sud et occupées par plusieurs familles d'un même clan ; elles sont construites sur pilotis, avec une plate-forme en avancée. Il existe une salle commune pour les réunions familiales et la réception des invités (Laffont). L'économie jaraï repose sur la culture du riz sur brûlis pratiquée sur les hauts plateaux. La chasse et la pêche fournissent un complément à leur subsistance. Les Jaraï ont une filiation matrilinéaire et un système de mariage exogame. Certains clans ont des relations totémiques avec des buffles sauvages ou domestiques, des reptiles, des oiseaux. Les tabous relatifs à ceux-ci impliquent certains interdits, dont la consommation de certaines viandes et la prohibition de conserver certains animaux chez soi. C'est la femme elle-même qui fait la demande en mariage. Le contrat est amorcé quand les membres de la famille du mari délèguent un intermédiaire chargé de cadeaux, de bracelets vers la famille de la femme. La dot acceptée, le fiancé se dirige vers la source du village et adresse une prière aux esprits de la source. Le mariage lui-même et sa cérémonie se déroulent dans la demeure de l'épouse où, entre les deux familles, a lieu un échange de bracelets et de poulets (valeurs essentielles des Jaraï). Le couple séjournera jusqu'à la naissance du premier enfant dans la famille de la femme et ensuite choisira lui-même son propre logement et lieu de résidence. L'héritage d'un mort est partagé entre les membres de la maison par le chef du clan. Si une femme meurt, sa sœur non mariée est mise en demeure d'épouser le veuf ; si la défunte n'a pas de sœur, le veuf retourne vivre dans la demeure de sa mère avec ses enfants (Hickey). L'autorité est assurée par un chef de village, sélectionné parmi les chefs des différentes maisons et choisi par tous les adultes du village ; les hommes les plus âgés forment un conseil de village, président aux décisions importantes et résolvent les disputes et litiges. Jadis, les mauvais génies, le « sadet du feu » et le « sadet de l'eau », représentaient une force politique considérable en tant que leaders ; ils manifestaient leur puissance par des épidémies foudroyantes. Le sadet du feu, ou maître du sabre, tiendrait son pouvoir exceptionnel des âmes logeant dans le sabre rituel dont il est le gardien et aurait une force merveilleuse dans les batailles ainsi qu'une fonction de guérisseur. Jouin rappelle que le dernier sadet du feu était un Jaraï, nommé Y-Thih, vivant au xixe siècle, et dont les successeurs sont nommés Ae Buom, « gardiens de la maison du sabre ». Quand un sadet est sur le point de mourir, un de ses proches lui enfonce une lance dans le cœur et brûle son corps. Deux traditions sont mentionnées pour le choix du nouveau sadet : le vieux sadet (Bok Redan) jette son bracelet dans la mare, le premier héritier apparaissant avec le bracelet est successeur ; ou les jeunes guerriers dormant dans la maison communale sont questionnés pendant leur sommeil et le premier à répondre devient le successeur.

Les rituels associés à la mort et à la tombe sont très complexes et varient selon le type de mort (naturelle ou violente), loin ou près du village, par empoisonnement ou noyade. Tout ce qui a trait à la mort forme un ensemble de pratiques identiques chez les Rhadé et les Jaraï, ensemble qui n'a pratiquement pas été modifié par les apports étrangers.[...]

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Pour citer cet article

Yvan BARBÉ. JARAÏ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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