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ARANY JÁNOS (1817-1882)

Figure dominante de la littérature hongroise de la seconde moitié du xixe siècle, Arany, père du « classicisme national », pratiqua à la fois le genre épique et le genre lyrique. Fidèle à la tradition politique qui régnait dans les lettres hongroises, il s'efforça de ne servir que la cause du patriotisme, écartant ses problèmes personnels ; mais ceux-ci transparaissent malgré tout à travers ses poèmes épiques. Ambiguïté du genre qui reflète une dualité permanente de l'esprit : un rationalisme impérieux y contrôle avec vigilance une sensibilité vulnérable, mais l'ironie, dirigée souvent contre le poète lui-même, équilibre la mélancolie de la désillusion. Arany essaya de résoudre ses drames intérieurs en les projetant dans des scènes et des personnages historiques et folkloriques. Son œuvre, d'inspiration populaire, mais d'élévation classique, contribua à préparer spirituellement la lutte d'indépendance de 1848-1849 et à en garder vivant le souvenir contre toute force, positive ou négative, qui tendait à l'effacer.

La création d'une littérature nationale paysanne

Né d'une famille de hobereaux retombée à la condition paysanne, Arany se considérait comme le « rejeton du peuple qui vit avec sa souche, pour elle, par elle ». Après avoir longtemps cherché sa voie, il débuta dans la littérature en 1845 par un poème satirique, la Constitution perdue (Elveszett alkotmány). Mais l'œuvre qui le promut poète national fut Toldi (1847). Son intention de créer une littérature « nationale paysanne », base d'un futur classicisme, rejoignait celle de l'élite intellectuelle et lui valut l'amitié de Peto″fi. Toldi, le personnage principal du poème, est un héros légendaire, dans la lignée de Bertrand du Guesclin ; il met sa force fabuleuse au service de Louis d'Anjou de Hongrie. Arany emprunta l'intrigue à la chronique médiévale d'Ilosvai : la fureur du désespoir conduit au meurtre un jeune noble rejeté dans la condition paysanne par la jalousie de son frère ; après une longue pérégrination, il sauve l'honneur de la chevalerie hongroise dans un duel avec un Tchèque jusqu'alors invincible, et obtient ainsi le pardon du roi. Mais Arany donne une actualité à ce thème en suggérant une symbolique nouvelle : Toldi est le fils du peuple qui, victime de sa propre naïveté, ne trouve dans le monde la place qu'il mérite qu'après avoir triomphé de nombreuses épreuves.

Pendant cette période, Arany écrivit également quelques poésies révolutionnaires et d'autres poèmes épiques, notamment Le Siège de Murány (Murány ostroma, 1847) qui aborde le problème de la haute trahison, et Le Soir de Toldi (Toldi estéje, 1848) où le vieux chevalier se montre incapable d'accepter dans sa rude simplicité les idées nouvelles de la cour et ne trouve la paix que dans la mort.

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Pour citer cet article

Antonia FONYI. ARANY JÁNOS (1817-1882) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HONGRIE

    • Écrit par Jean BÉRENGER, Lorant CZIGANY, Universalis, Albert GYERGYAI, Pierre KENDE, Edith LHOMEL, Marie-Claude MAUREL, Fridrun RINNER
    • 32 134 mots
    • 19 médias
    ...inspiration, le célébrèrent d'autant plus qu'il mourut jeune à la fin de la guerre d'indépendance, après avoir suscité et salué la révolution. Son aîné et ami János Arany (1817-1882) s'attaqua avec lui et Vörösmarty à la traduction de Shakespeare pour le faire représenter au Théâtre national de Pest. Bien que...

Voir aussi