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SCHOTTE JACQUES (1928-2007)

Jacques Schotte a eu le rare mérite d'être pleinement psychiatre, psychanalyste et philosophe. Même si toute sa vie professionnelle s'est déroulée entre Gand et Louvain, il n'a cessé de parcourir l'Europe et d'autres pays en y multipliant les échanges et les rencontres avec les personnalités les plus diverses, tant son champ de curiosité était interdisciplinaire.

Né le 26 juin 1928, Jacques Schotte était le fils d'un chirurgien de Gand où il a fait ses études et est devenu titulaire d'un doctorat de médecine et d'une thèse en psychologie sur « Freud et la question du transfert », soutenue en 1956 en flamand et restée inédite. Il décide alors de devenir psychiatre et psychanalyste, avec un souci d'articuler la psychiatrie à l'anthropologie, ce qu'il appelait « l'anthropopsychiatrie ». Ses analystes zurichois ont été dans les années 1950 Gustav Bally puis Médard Boss, imprégné par la philosophie de Heidegger, qu'il présenta à Lacan en 1954. Il s'est intéressé très tôt à l'école hongroise de psychanalyse, notamment à Léopold Szondi, replié à Zurich après la guerre, sur lequel il publie un livre, Szondi avec Freud, en 1990. La même année, il publie un ouvrage collectif, Le Contact, qui aborde cette question sur le plan théorique, clinique et esthétique.

Schotte a enseigné la psychologie clinique à Gand et à l'Université catholique de Louvain-la-Neuve, où il retrouva son ami Antoine Vergote, qui avait entrepris à Paris une psychanalyse avec Lacan. C'est avec lui et Alphonse de Waelhens qu'il fonda l'École belge de psychanalyse, proche de l'École freudienne. On peut parler d'une véritable école de psychanalyse qui a eu un style et un retentissement européen de par son ouverture sur la psychiatrie, l'anthropologie et la phénoménologie. Lacan nomma d'ailleurs Schotte au directoire de l'École freudienne, pour représenter cette école belge. Lors de son séjour à Paris en 1955-1956, il participa au séminaire de Lacan sur les psychoses. Lacan le consultait fréquemment en tant que « freudologue », au sujet de l'allemand freudien.

De par sa culture philosophique et germanique, il avait également une grande affinité intellectuelle avec Heidegger, Hans Georg Gadamer et surtout Ludwig Binswanger dont il se sentait très proche par sa culture très éclectique, son intérêt pour l'œuvre de Freud et sa rigueur de pensée. Schotte parlait quatre langues : le français, le flamand, l'anglais et l'allemand, sans oublier sa grande connaissance du grec et du latin. Sa curiosité et son goût pour les langues l'ont amené à dialoguer avec les plus grands linguistes et philologues et à entrecroiser ses différentes connaissances.

Par son enseignement extrêmement brillant, nourri de sa connaissance profonde de Freud, de sa pratique et de ses propres recherches, il a marqué un grand nombre de psychiatres, de psychanalystes et de psychologues. Compatriote et proche de Maud Mannoni, il avait en France de nombreux collègues et amis : Françoise Dolto, Gisela Pankow, Pierre Fédida, Jean Oury et François Tosquelles, avec qui il participait aux recherches sur la psychothérapie institutionnelle, ainsi que les philosophes Henri Maldiney, Edmond Ortigues et Paul Ricœur. Il était membre d'honneur d'Espace analytique et membre de l'Association internationale d'histoire de la psychanalyse (A.I.H.P.)

Jacques Schotte a toujours préféré la transmission orale à l'écriture, répétant à l'envi que la « parole vive » est son « medium principal ». Il se voyait de préférence dans la fonction du « chœur antique », comme relance de la parole échangée. Son dernier ouvrage, Parcours (2006), retrace sous forme d'entretiens son itinéraire personnel et intellectuel, et son itinéraire de témoin de cinquante[...]

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre d'Espace analytique, secrétaire général de l'Association internationale d'histoire de la psychanalyse

Classification

Pour citer cet article

Jacques SÉDAT. SCHOTTE JACQUES (1928-2007) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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