Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CARLU JACQUES (1890-1976)

Au début du xxe siècle, la plupart des élèves en architecture de l'École des beaux-arts de Paris ne bougeaient guère des ateliers de la rue Bonaparte. Ce ne fut pas le cas de Jacques Carlu : à peine admis, il court déjà le monde. En 1910, on le voit travailler en Roumanie sur un projet de Sénat qui remporte le premier prix. Le service militaire, puis la guerre interrompent ses études. Dès l'armistice, il les reprend dans l'atelier de Victor Laloux — l'architecte de la gare d'Orsay — et il obtient le premier grand prix de Rome en 1919.

Après son séjour réglementaire à la Villa Médicis, Carlu ne revient pas en France — ce qui est contraire aux usages —, mais s'installe aux États-Unis. De 1924 à 1934, il enseignera au célèbre Institut de technologie de Boston (M.I.T.), et il figure parmi les intermédiaires privilégiés entre l'Art déco français des années 1925 et le public nord-américain. En outre, celui-ci raffole du style de nos paquebots de luxe : pour la chaîne canadienne Eaton, Carlu remodèle le dernier étage des magasins de Montréal et de Toronto dont le restaurant et le salon de thé doivent ressembler à ceux d'un navire de la Compagnie générale transatlantique.

Quand il rentre en France, Carlu va se trouver mêlé à la bataille du Trocadéro car on voulait du nouveau, à l'emplacement du palais de Davioud, pour l'Exposition universelle de 1937. Il remporte le concours en collaboration avec Boileau et Azéma. La rotonde hispano-mauresque est remplacée par un creux enchâssé entre les deux anciennes ailes maintenues et modernisées : comment aurait-on pu lutter, par une flèche quelconque, avec la tour Eiffel ?

L'ensemble du bâtiment, témoignage de monumentalisme néo-classique qui plut beaucoup à Albert Speer, fut l'objet de nombreuses critiques de la part des tenants du mouvement moderne. Après la guerre, passée aux États-Unis, Carlu revint à son inspiration néo-antique : siège de l'O.T.A.N. — devenu depuis l'université de Paris-Dauphine —, des lycées, plusieurs maisons de la Radio. Reçu à l'Académie des beaux-arts en 1957, Carlu rejoignait le bercail : il n'a jamais remis en question l'enseignement de ses maîtres.

— Roger-Henri GUERRAND

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • PARIS

    • Écrit par , , , , , et
    • 32 119 mots
    • 21 médias
    ...l'architecture publique. Il est teinté d'un brin d'exotisme au musée permanent des Colonies, porte Dorée, réalisé en 1931 par Albert Laprade dans le cadre de l'Exposition coloniale : les colonnes de la façade et surtout sa gigantesque tapisserie sculptée (1130 m2), réalisée en deux ans par Alfred Janniot,...