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MAILLAN JACQUELINE (1923-1992)

Née à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire), Jacqueline Maillan, après la Libération, vient à Paris et s'inscrit au cours Simon. Elle suivra ensuite la dure école du cabaret qui, de Jean Poiret à Michel Serrault, en passant par Jacques Dufilho, a formé tant de comédiens éblouissants. Quittant L'Amiral, elle sera membre de la compagnie Georges-Vitaly, où elle affirmera sans complexe son humeur et son style. On la verra dans Les Belles Bacchantes de Robert Dhéry, puis dans Ornifle de Jean Anouilh, avec Pierre Brasseur. Le succès devient triomphe, et elle jouera mille sept cents fois Croque Monsieur de Marcel Mithois. Dès lors, elle règne sans partage sur le théâtre de boulevard, où sa fantaisie fait merveille. Jacqueline Maillan entrait en scène en fanfare, vive comme la poudre, et dans le simple élan du naturel. D'autres avant de brûler les planches battent le briquet et soufflent sur les braises. Avec elle, cela flambait du premier coup. Aucun effort apparent chez cette perfectionniste qui allait droit à l'instant où le personnage bascule et cède au vertige du burlesque. L'œil malin, la voix blagueuse, elle n'était jamais en repos. Trépidante, nerveuse, inquiète, rien ne lui échappait, pas le moindre détail, pas le plus petit effet, et elle faisait monter la salle au septième ciel par son jeu dérisoire et franc où elle prenait tous les risques, et d'abord ceux de la clownerie. Cet art de ne pas se prendre au sérieux, et de s'inventer sous nos yeux, lui venait du cabaret, où il s'agit de faire flèche de tout bois, et sans crainte de s'exposer. Jacqueline Maillan s'affirmait dans le mouvement, son dynamisme emportant tout alors, et même le trac qui la tenait. L'enthousiasme faisait le reste, et un génie de la caricature à gros traits lui permettait de tout oser, dans le bouffon, dans le loufoque, ce qui chez une femme n'est point facile et demande un tact secret. Dès son apparition, à une époque où l'humour broyait du noir, Jacqueline Maillan était revigorante. Il en fut ainsi jusqu'au bout d'une carrière sans passage à vide ni échec, et où elle apportait sa cocasserie et sa malice comme un cadeau. De Anouilh à Mithois, de Dorin (La Facture) à Barillet et Gredy (Potiche, Folle Amanda, Lily et Lily), sa gaieté, ses facéties, sa bonne humeur, ses niches de gamine, ses fous rires d'enfant allaient fasciner un public qui demandait au théâtre les bonheurs du divertissement, un peu d'oubli, un brin d'innocence. On l'attendait au tournant, on connaissait ses astuces, ses trouvailles, on la précédait dans ses métamorphoses, on allait la voir comme on va voir une cousine de province, pétulante et vaillante. Jacqueline Maillan était entrée dans la famille, et faisait du public son complice.

— Pierre MARCABRU

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Pierre MARCABRU. MAILLAN JACQUELINE (1923-1992) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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